Photo: Canadian Olympic Committee

Les 10 meilleurs exemples d’esprit sportif de l’histoire olympique

Les olympiens visent toujours la victoire, mais sans esprit sportif, personne n’y gagne. Pour la Journée olympique, le 23 juin, voici le 2e volet d’une série qui vise à célébrer le pouvoir des Jeux « au-delà du podium ».

Dans la première partie, nous avons décrit l’esprit sportif dont a fait preuve le bobeur italien Eugenio Monti aux Jeux olympiques d’hiver de 1964 à Innsbruck, et qui a fait de lui le premier lauréat du Trophée international Pierre de Coubertin décerné par le Comité International pour le Fair Play (CIFP).

Il s’agissait d’un merveilleux moment de l’histoire olympique, et le CIO est allé « au-delà du podium » afin de récompenser le véritable esprit sportif. Le CIFP remet également des lettres de félicitations et des diplômes honorifiques à des athlètes qui font preuve d’esprit sportif. C’est donc à l’occasion des célébrations annuelles entourant la Journée olympique du 23 juin que nous avons décidé de présenter une liste des meilleurs exemples d’esprit sportif sur le terrain de jeu.

1. VIES SAUVES

Séoul 1988 – Lawrence Lemieux – Lettre de félicitations
L’athlète de voile canadien Lawrence Lemieux a été prêt à sacrifier ses propres chances de médaille, à Séoul, afin de sauver la vie d’autres concurrents. Dans la cinquième de ses sept courses de l’épreuve de Finn, tandis que M. Lemieux se trouvait en Photo: The Canadian Pressdeuxième place, il a décidé de changer de trajectoire pour aller secourir les athlètes de Singapour Joseph Chan et Shaw Her Siew, qui participaient à l’épreuve de 470 et qui se trouvaient à côté de leur bateau renversé au risque d’être entraînés vers le large. M. Lemieux a d’abord dû naviguer sous le vent pour faire monter dans son embarcation M. Chan qui était dans l’eau avant d’aller secourir M. Siew qui s’agrippait au bateau. Lawrence Lemieux a attendu que les secours arrivent avant de retourner finir sa course, loin derrière le groupe des meneurs. Ce n’est qu’après qu’il eût fini l’épreuve de Finn en 11e position du classement qu’on lui a décerné la deuxième place pour cette course. Le président du CIO de l’époque, M. Juan Antonio Samaranch, lui a également décerné la Médaille Pierre de Coubertin en personne en lui disant : « Par votre esprit sportif, votre abnégation et votre courage, vous symbolisez le meilleur de l’idéal olympique ».

2. PERSÉVÉRANCE AVANT TOUT

Athènes 2004 – Vanderlei de Lima – Médaille Pierre de Coubertin du CIO
Le Brésilien Vanderlei de Lima était en première place du marathon, aux Jeux de 2004 à Athènes, quand un manifestant l’a soudainement poussé vers le bord de la route avec moins de sept kilomètres à parcourir. Même si M. de Lima a pu reprendre la course après l’incident, il avait perdu sa vitesse et son rythme et a rapidement été dépassé par deux autres coureurs. Il a ensuite affirmé qu’il était « heureux » d’avoir remporté la médaille de bronze avant de préciser plus tard : « Si ce n’était de ce lunatique, j’aurais sûrement remporté l’or ».

Quand M. de Lima est arrivé au Stade panathénaïque, il a été accueilli par les applaudissements chaleureux de la foule qui avait vu sur écran géant ce qui s’était produit. Pendant la cérémonie de remise des médailles présentée à l’occasion de la cérémonie de clôture, le CIO a remis à M. de Lima la Médaille Pierre de Coubertin en reconnaissance de sa « personnification exceptionnelle de l’esprit sportif et des valeurs olympiques ».

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3. TOUT À FAIT CALME

Athènes 2004 – Alexei Nemov – Trophée mondial Pierre de Coubertin
Les épreuves de gymnastique artistique aux Jeux olympiques de 2004 à Athènes ont connu bon nombre de controverses, ce qui allait plus tard mener à une révision complète du système de taxation. Pendant la finale de l’épreuve masculine de barre fixe, les notes ne semblaient pas être appropriées pour les routines effectuées par les athlètes, en particulier du point de vue des spectateurs présents. Après la prestation de l’un des favoris du public et gagnant de 12 médailles olympiques, Alexei Nemov, la foule s’est mise à huer et à siffler.

Il y a eu un délai de 15 minutes avant l’affichage des notes en raison des perturbations, et le score de M. Nemov a été révisé pendant cette période, mais cela n’a pas modifié sa position générale au classement, ce qui a continué de déranger la foule. L’Américain Paul Hamm, qui avait remporté quelques jours auparavant le concours multiple individuel aux mêmes Jeux, était le prochain en ligne. Pour permettre à M. Hamm d’effectuer sa prestation en toute tranquillité, M. Nemov s’est rendu sur la plateforme de compétition et a remercié les spectateurs de leur soutien tout en leur demandant de se calmer. Il a terminé en cinquième position.

4. LE VENT DANS LES VOILES

Beijing 2008 – Pavle Kostov, Petar Cupac, Ivan Bulaja – Trophée mondial Pierre de Coubertin
S’il est vrai que les athlètes croates de voile Pavle Kostov et Petar Cupac ont terminé en 17e position à l’épreuve de 49er à Beijing, leur bateau a certainement joué un rôle important dans l’obtention de la médaille d’or. MM. Kostov et Cupac ne s’étaient pas qualifiés pour la course à la médaille mettant en vedette les équipes ayant terminé aux 10 premières positions. Ils se sont donc rendus au Village olympique avec leur entraîneur Ivan Bulaja, où ils ont appris le malheur qui avait frappé les athlètes de l’équipe danoise qui étaient en première place du classement avant la course à la médaille. Tout juste 15 minutes avant la course, le mât du bateau danois s’est brisé. Après avoir reçu un appel des Danois, MM. Kostov, Cupac et Bulaja ont foncé vers la marina où ils ont rapidement préparé leur bateau afin de le prêter à Jonas Warrer et Martin Kirketerp qui ont pu prendre le départ de justesse, seulement quatre minutes après les autres finalistes. L’équipe danoise a terminé en septième place de la course à la médaille, mais cela a été suffisant pour lui permettre de remporter la médaille d’or.

5. AMIS POUR TOUJOURS

Londres 2012 – Daniel Gyurta – Diplôme honorifique
En avril 2012, le monde de la natation a été bouleversé d’apprendre que l’athlète norvégien de 26 ans Alexander Dale Oen, champion du monde de 2011 au 100 m brasse, avait été retrouvé sans vie dans sa chambre d’hôtel en Arizona, ayant manifestement subi une crise cardiaque pendant un camp d’entraînement. Son bon ami, le Hongrois Daniel Gyurta, allait ensuite remporter l’or au 200 m brasse des Jeux olympiques à Londres. Il a par la suite déclaré qu’il ferait créer une réplique exacte de sa médaille d’or et l’enverrait à la famille de M. Dale Oen.

Puisque le CIO n’autorise pas la fabrication de répliques, M. Gyurta a plutôt fait créer une médaille toute particulière qu’il a présentée au Gala sportif de la Norvège en janvier 2013. Dans son discours en norvégien, M. Gyurta a déclaré ceci : « Alexander n’était pas qu’un compétiteur exceptionnel, il était aussi un grand homme et un véritable ami. Je suis convaincu qu’il aurait remporté l’or aux Jeux olympiques, et cette médaille représente ce qu’il n’a pas pu accomplir en raison de son décès tragique. »

6. LE GESTE D’UN RIVAL

Sapporo 1972 – Dieter Speer – Diplôme honorifique
L’Union soviétique était l’une des grandes favorites pour défendre sa médaille d’or olympique de biathlon au relais masculin de 4 x 7,5 km, à Sapporo. Alexander Tikhonov, le premier Soviétique à prendre le départ, faisait partie de l’équipe ayant remporté la médaille d’or quatre ans plus tôt. Toutefois, pendant son étape, il a effectué un faux mouvement et brisé l’un de ses skis. M. Tikhonov s’efforçait de continuer son étape sur un seul ski quand Dieter Speer, membre de l’équipe d’Allemagne de l’Est (considérée comme l’une des plus grandes rivales de l’équipe de l’Union soviétique) s’est arrêté pour lui prêter l’un de ses skis de rechange. Le ski ne convenait pas parfaitement à M. Tikhonov, mais en se retrouvant sur deux skis, il pouvait enfin suivre le rythme du groupe des meneurs. Les Soviétiques ont fini par remporter l’or tandis que M. Speer et l’équipe de l’Allemagne de l’Est ont dû se contenter de la médaille de bronze.

7. DIGNE MOMENT DE GLOIRE

Los Angeles 1984 – Mohamed Ali Rashwan – Trophée mondial Pierre de Coubertin
Le Japonais Yasuhiro Yamashita était considéré comme une valeur sûre pour remporter l’or au judo, à Los Angeles, ayant remporté les trois derniers titres mondiaux dans la catégorie des 95 kg et plus, ainsi que dans la catégorie ouverte en 1981. Il a remporté son premier combat olympique en seulement 27 secondes, mais pendant son deuxième combat, il s’est déchiré un muscle du mollet droit et boitait de façon prononcée lorsqu’il a quitté le tapis après sa victoire. Son adversaire suivant, le Français Laurent Del Colombo, a tenté de l’attaquer sur sa blessure, mais M. Yamashita a réussi à le déjouer et a accédé à la finale en remportant le combat.

En finale, l’athlète japonais devait affronter l’Égyptien Mohamed Ali Rashwan et, même s’il boitait encore plus qu’auparavant, il a remporté son combat en un peu plus d’une minute. À la cérémonie des vainqueurs, M. Rashwan qui avait remporté la médaille d’argent a dû aider M. Yamashita à grimper sur la première marche du podium, car sa blessure le faisait encore souffrir. Par la suite, M. Rashwan a déclaré aux journalistes qu’il avait choisi de ne pas attaquer la jambe droite blessée de son adversaire, car cela allait à l’encontre de ses principes et qu’il ne voulait pas gagner de cette façon.

8. PROBLÈME VESTIMENTAIRE

Beijing 2008 – Dara Torres – Diplôme honorifique
À 41 ans quand Dara Torres a participé à ses cinquièmes Jeux olympiques, à Beijing, elle était la nageuse la plus âgée. Elle tentait encore d’obtenir sa première médaille d’or olympique dans une épreuve individuelle, mais elle voulait être certaine de concourir contre les meilleures nageuses à l’épreuve de 50 m libre. Tandis que les huit nageuses de sa demi-finale s’avançaient vers les blocs de départ, le maillot de la Suédoise Therese Alshammar s’est déchiré. Mme Torres a essayé de l’aider à réparer rapidement son maillot, mais quand cela s’est révélé impossible, elle a couru vers le bord de la piscine pour aviser un officiel qu’ils ne pouvaient pas commencer l’épreuve avant que Mme Alshammar ait eu le temps de se changer. Quand Mme Alshammar est revenue avec un nouveau maillot, ils ont finalement pu procéder. Mme Torres a obtenu le temps le plus rapide des demi-finales et a terminé l’épreuve en remportant l’argent, seulement un centième de seconde derrière la médaillée d’or.

9. EN COURANT INVERSE

Athènes 2004 – Markus Rogan – Trophée mondial Pierre de Coubertin
Avant le début des Jeux, l’Américain Aaron Peirsol était double champion du monde en titre et détenteur du record mondial au 200 m dos, ce qui faisait de lui l’un des grands favoris pour la médaille d’or olympique. Il a terminé à la hauteur en remportant la finale grâce à l’établissement d’un nouveau record olympique, quelque 2,4 secondes devant l’Autrichien Markus Rogan. Toutefois, quand les résultats ont été affichés au tableau indicateur, on pouvait y lire que M. Peirsol avait été disqualifié pour avoir effectué un virage illégal, et que M. Rogan était en fait le vainqueur.

L’organisme dirigeant à l’échelle internationale, la FINA, a par la suite réinstauré la médaille de M. Peirsol parce que l’infraction n’avait pas été enregistrée correctement. L’équipe autrichienne en a appelé de la décision de la FINA, mais son appel a été rejeté. Pour sa part, M. Rogan affirme qu’il pourrait bien avoir eu « la plus courte victoire de l’histoire olympique ». Il a également reconnu que la médaille appartenait réellement à M. Peirsol, l’un de ses bons amis, et que « rien n’importe plus que l’amitié ». M. Rogan a ensuite été nommé l’athlète autrichien de l’année, devançant la vedette de ski alpin Hermann Maier.

10. UN COEUR LOURD

Beijing 2008 – Gyorgy Kozmann – Lettre de félicitations
Le canoéiste hongrois Gyorgy Kozmann a failli ne pas participer aux Jeux à Beijing. Tout juste un mois avant le début des Jeux, son partenaire de longue date, Gyorgy Kolonics, s’était effondré et était décédé des suites d’une insuffisance cardiaque pendant une séance d’entraînement. M. Kozmann avait d’abord pris la décision de ne pas participer aux Jeux, mais il a changé d’idée après avoir parlé à ses coéquipiers, ses entraîneurs et les amis de M. Kolonics. M. Kozmann s’est associé à la recrue olympique de 21 ans Tamas Kiss et, ensemble, ils ont remporté le bronze à l’épreuve de 1 000 m en C-2, égalant par le fait même la médaille qu’il avait remportée avec M. Kolonics quatre ans plus tôt à Athènes 2004.

Note de l’éditeur :
Le Comité International pour le Fair Play (CIFP) a aussi remis le Trophée mondial Jean Borotra à des olympiens très connus ayant mené une carrière exemplaire en faisant preuve d’esprit sportif. Parmi les principaux lauréats de ce prix, on compte : Lord Sebastian Coe, du Royaume-Uni, qui a remporté l’or au 1 500 m aux Jeux de 1980 à Moscou et à ceux de 1984 à Los Angeles; Edwin Moses, des États-Unis, qui a remporté l’or au 400 m haies aux Jeux de 1976 à Montréal et à ceux de 1984 à Los Angeles; Eduardo Mangiarotti, de l’Italie, qui a remporté 13 médailles olympiques de 1936 à 1960, soit le plus grand nombre de médailles jamais remporté par un escrimeur; Jan Zelezny, de la République tchèque, qui a remporté trois médailles d’or consécutives au javelot, de 1992 à 2000; Vreni Schneider, de la Suisse, qui a remporté cinq médailles olympiques en ski alpin, dont deux médailles d’or aux Jeux de 1988 à Calgary; et une légende nationale canadienne, Wayne Gretzky, qui est perçu par un grand nombre de personnes comme le meilleur hockeyeur de tous les temps.