Samuel Giguère à la poursuite de la Coupe Grey et de la gloire olympique
Il n’y a pas si longtemps, Samuel Giguère, le receveur éloigné des Tiger-Cats d’Hamilton, a traversé le désert. C’était la fin de la saison 2011 et les Giants de New York venaient de le renvoyer à la maison, mettant ainsi un terme à sa quatrième tentative de percer dans la NFL. Il quittait les Giants blessé, avec une déchirure à l’aine.
De retour chez lui, Samuel s’est laissé inspirer par Jesse Lumsden, un ancien joueur de la LCF. Mais ce n’est pas pour parler football que Samuel a téléphoné à Jesse il y a deux ans. Il voulait discuter d’un sport qu’ils allaient bientôt avoir en commun : le bobsleigh.
Un autre casque
Samuel avait encore le goût de jouer au football. Après tout, c’est le sport qu’il pratique depuis toujours. Il a été joueur par excellence du SIC lorsqu’il évoluait avec le Vert & Or et en 2008, il a été 8e choix au repêchage de la LCF. Il a finalement rejoint les Tiger-Cats et sa nouvelle carrière lui plaît parce qu’elle lui permet de s’adonner à d’autres sports. « J’ai été content d’apprendre que je jouerais dans la LCF. La saison y dure environ six mois contrairement à la NFL qui exige qu’on soit disponible toute l’année. Je me suis dit que je pourrais en profiter pour pratiquer deux sports en même temps, dit-il. »
Bobsleigh Canada a accepté de lui donner une chance. En mars 2012, Samuel a été invité à un camp d’entraînement à Calgary où il a pu faire quelques poussées avec Lyndon Rush et Helen Upperton. Mais Samuel avait un contrat avec une équipe et il est retourné à Hamilton pour jouer 18 matchs avec les Tiger-Cats et récolter 41 réceptions pour 549 verges.
« J’ai eu peur, mais j’ai tout de suite été accro. Un vrai coup de foudre! En rentrant à la maison après le camp d’entraînement, je savais que je voulais faire du bobsleigh, »
Quand Hamilton a raté les éliminatoires l’an dernier, Samuel est retourné faire du bobsleigh à Calgary. « Je suis resté en contact avec Bobsleigh Canada et à la fin de la saison de football, ils m’ont dit de venir faire un tour à Calgary pour voir si j’étais encore capable de pousser et évaluer l’état de mon corps après une saison de 18 matchs, » dit-il.
Apprendre à pousser
Le bobsleigh demande la même vitesse et la même puissance que le football, sauf que dans la LCF, un receveur doit se déplacer rapidement dans toutes les directions. Pousser un bobsleigh est plus simple. Il faut aller vite, mais tout droit.
Si vous n’avez jamais vu le début d’une course de bobsleigh, voici cinq secondes de pure puissance :
Nathan Cicoria est responsable du programme de haute performance de Bobsleigh Canada Skeleton et il a vite reconnu le talent de Samuel. Pendant la saison de la LCF, les deux hommes ont continué à s’échanger des courriels et se sont parlé quelques fois sur Skype. Comme les bobeurs olympiques s’entraînent toute l’année, Nathan Cicoria a dû trouver un équilibre. « Sam est un cas à part. Il est unique parce qu’il est au sommet de son art dans la LCF où il a un contrat avec une équipe. Dans son cas, nous avons dû diminuer les exigences et apporter des modifications à son programme d’entraînement. Les athlètes de son calibre exigent un équilibre délicat, » explique-t-il.
Le succès de Samuel a été immédiat. Au mois de décembre dernier, il était membre de l’équipage Canada-3 piloté par Justin Kripps. Lors des Championnats du monde, il a été promu à l’équipe de Canada-2 avec Chris Spring. En moins d’un an, Samuel est passé de joueur de football intéressé par le bobsleigh à athlète pratiquant deux sports.
Plus qu’un simple corps
Ses 6 pi et 215 lb, son statut de footballeur professionnel et son expérience en athlétisme à l’université placent Samuel dans une classe à part. Il dit cependant avoir l’esprit compétitif nécessaire pour transposer ses qualités physiques en succès olympique. « Mes attentes étaient très élevées quand j’ai commencé sur le circuit de la Coupe du monde. Lors de ma première course, je voulais déjà fournir ma poussée la plus rapide. Le pilote en dépend et je voulais vraiment lui donner la meilleure poussée possible pour lui donner toutes les chances, » se souvient-il.
Ce sont probablement ces mêmes attentes qui ont fait de l’athlète de 28 ans un meilleur joueur de football. « Quand on s’entraîne tout seul à la maison, on ne s’entraîne pas aussi intensément que quand on fait partie de l’équipe nationale qui participe à la Coupe du monde. Je me suis mieux entraîné qu’à la maison et je pense que je suis arrivé à Hamilton au début de la saison de football en meilleure forme. »
Samuel a fait la preuve qu’il est capable de passer d’un sport à l’autre malgré les défis inhérents à ce type de vie. Pendant les éliminatoires de la saison 2013, il a réussi huit réceptions pour 131 verges et il était en tête de la ligne offensive des Tiger-Cats lors de la demi-finale de l’Est contre Montréal.
Cette semaine, le bobsleigh n’est sûrement pas la priorité de Samuel. Il sera de l’alignement partant des Tigers-Cats pour la 101e Coupe Grey qui aura lieu au Mosaic Stadium enneigé devant une foule de partisans des Roughriders. L’objectif : devenir un champion de la Coupe Grey.
Mais s’il a l’occasion d’aller à Sotchi, ce qui est loin d’être impossible, Samuel se lancera à la poursuite de la gloire olympique. « Quand j’étais petit, je regardais toujours les épreuves de bobsleigh aux Jeux olympiques. C’est un sport qui m’a toujours intéressé, mais je n’avais pas de porte d’entrée. »
La porte s’est ouverte toute grande pour Samuel et s’il performe bien à Regina et à Sotchi, il pourrait s’agir d’une entrée historique.