Chers « suiveux de parade » : vous êtes les pires fans – signé, le Grand partisan
Olympique.ca se penche sur les amateurs de sports.
Par un mardi soir, une obscurité terne domine la brasserie faiblement achalandée où le son des conversations de quelques buveurs de bière rebondit sur des tables vides.
Située en bordure d’un quartier branché de Toronto, la brasserie est dotée d’un écran géant – la seule source de lumière pour les clients rassemblés pour y regarder le match de l’équipe locale de la NBA.
L’équipe connaît du succès sur deux plans : elle a remporté quatre matchs consécutifs et est en train de prendre les devants contre le Magic de Orlando après avoir tiré de l’arrière par 11 points. Les bavardages commencent à s’atténuer lorsque le jeu reprend; des bruits, voire des applaudissements, correspondent au rythme des pas sur le terrain de jeu. Puis tout d’un coup, Patrick Patterson des Raptors réussit un panier de trois points pour égaler la marque. Les clients de la brasserie commencent soudainement à s’intéresser au match.
Ce n’est pas tout le monde qui est impressionné. Une table de sportifs du dimanche dans la trentaine jettent un long regard vers les étudiants en plein débat amical qui se sont installés devant eux et qui leur obstruent partiellement la vue.
Chose assez agaçante pour le Grand partisan.
Remarque : Attention chers amateurs qui « suivez la parade », sachez que certains vous détesteront, mais ce n’est pas de votre faute. C’est seulement que le Grand amateur se sentira mal à l’aise face à votre tendance soudaine à agiter votre drapeau et à vous livrer à des applaudissements loufoques :
Car cela risque de dévoiler…
…à quel point l’effort que vous avez mis au fil des ans n’était pas suffisant pour vous valoir le plaisir qu’apporte une équipe gagnante. Dans le domaine sportif, on comprend bien l’idée d’avoir droit à quelque chose; bref, il s’agit de l’idée de mériter ce qui vous appartient et ce qui appartient aussi bien aux amateurs qu’aux athlètes. Le Grand partisan comprend cette notion. Tandis qu’il passait pitoyablement son temps à regarder une équipe perdante tous les soirs, vous étiez sortis avec vos amis pour vous divertir de façon bien plus cool.
Voici ce que dérange le plus le Grand partisan…
…les amateurs qui « suivent la parade » nous rappellent que certaines personnes mènent une vie plus intéressante que d’autres… ou bien qu’elles encouragent d’autres équipes. La plupart des villes canadiennes proposent une grande variété de choses amusantes à faire les samedis soirs. Inutile donc de vous faire des illusions selon lesquelles votre meilleur marqueur va dépasser de 200 % la moyenne de la ligue pour enfin mener son équipe à un championnat. Vous seriez plutôt mieux d’aller voir un concert.
Or, le Grand partisan possède une qualité digne de reconnaissance…
…il s’agit d’une personne loyale. Il faut admirer quelqu’un qui n’abandonne pas espoir pour son équipe, peu importe la situation. Ce n’est certainement pas facile. Il suffit de parler aux partisans des Oilers d’Edmonton. Réfléchissez au malaise continu qu’entraîne le port en public d’un chandail des Oilers; la honte qui en découle pourrait être dévastatrice. D’accord, ce n’est pas tout le monde qui en subit les contrecoups:
Voici un petit commentaire à ajouter au sujet des chandails…
…Le Grand partisan est jaloux des vêtements que portent les «suiveux de parade». C’est seulement… que votre chandail est meilleur que le sien. Vous portez celui que vous avez reçu quand vous étiez jeune (à l’époque où l’équipe était bonne) et, à l’heure actuelle, il présente un look « retro ». Ou bien vous vous êtes acheté un chandail tout neuf qui arbore le nom du joueur le plus populaire. D’une façon ou d’une autre, le Grand amateur se sent stupide lorsqu’il porte son chandail de troisième choix démodé dont l’emblème est taché de sauce barbecue.
Mais ne vous découragez pas, chers amateurs qui « suivez la parade »…
…en fait, soyez audacieux. Bien sûr, vous rendrez la vie plus difficile pour le Grand partisan. Vous décrocherez des billets vous réservant des places sur le plancher pour un match éliminatoire crucial, où vous achèterez d’ailleurs un programme qui vous permettra de connaître, à tout le moins, le nom des entraîneurs à côté desquels vous serez assis. Le Grand partisan proférera des jurons, car, au moment de fréquenter son café sportif favori, il se retrouvera derrière vous en attendant qu’une table soit disponible et frémira à l’idée que vous écrivez « Sydney » au lieu de « Sidney » (sans oublier de mentionner les nombreux points d’exclamation) dans des courriels transmis à l’échelle de l’entreprise.
Mais, ce n’est pas grave, chers « suiveux de parade »…
…vous améliorez les choses. Vous comptez parmi les personnes qui agitent le drapeau canadien dans la rue pendant les matchs de hockey olympique, (à vrai dire, nous sommes tous enclins à « suivre la parade » à l’occasion des Jeux olympiques). Vous êtes le gars inconnu à qui le Grand partisan tape dans les mains moites chaque fois que notre équipe marque un but. Et, lorsque vous échangez des plaisanteries en plein match, vous annoncez d’une voix forte votre intention de distraire le Grand amateur pendant que vous faites une recherche sur Google pour trouver le nom du capitaine.
Chers amateurs qui « suivez la parade », vous êtes des joyaux; vous avez enseigné une chose au Grand amateur : le plus bel aspect d’une équipe gagnante est l’occasion de se faire des amis.
Je vous demande tout simplement de ne pas manger tout le fromage qui recouvre les nachos.