De Haître : Deux sports, deux Jeux olympiques, sept mois. Défi accepté.
Je tente de participer à deux Jeux olympiques dans deux sports sur une période de sept mois.
Si c’était tout ce que vous saviez à propos de moi, vous me traiteriez de fou. Alors, prenons un peu de recul et regardons ce qui m’a mené jusque-là.
Si vous lisez ceci, vous savez probablement que les Jeux olympiques de 2020 à Tokyo ont été repoussés à l’été 2021. De plus, vous savez probablement que certains athlètes sont confrontés à la possibilité de devoir prendre leur retraite, à subir des blessures et à expérimenter des problèmes de financement.
Voici donc mon histoire, qui relate la façon dont je compte mener ma carrière tout en trouvant un équilibre entre le cyclisme, le patinage de vitesse et la vie.
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Si je devais résumer mon parcours, je dirais que je suis un patineur de vitesse trop compétitif qui aime trop faire du vélo. Dès le moment où j’ai commencé à participer à des courses dans chacun de ces deux sports, j’ai su que je voulais me rendre aux Jeux olympiques, et il s’agissait simplement de planifier le moment où j’allais tenter d’y participer.
J’ai fait un premier essai au niveau junior. Après avoir participé aux Jeux de Sotchi 2014 en patinage de vitesse, j’ai participé aux Jeux du Commonwealth de 2014 en cyclisme sur piste. Suite à cela, j’ai réalisé ce que j’allais devoir faire pour me rendre aux Jeux olympiques en tant que cycliste.
J’ai donc continué le patinage de vitesse de 2014 à 2018, tout en mettant des efforts sur le cyclisme sur piste. J’ai d’ailleurs participé aux championnats canadiens de cyclisme en 2016. J’ai clairement fait savoir aux deux organismes nationaux de sport qu’après les Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018, je m’engagerais pendant les deux années suivantes à travailler dans le but de participer aux Jeux d’été de Tokyo 2020. Cette transition s’est bien déroulée parce que j’ai toujours communiqué ouvertement mes objectifs et j’ai toujours fait part de mes intentions à chaque étape du processus.
J’ai toujours voulu prouver que j’étais d’abord un athlète. Pas un patineur de vitesse ni un cycliste. Un athlète. Les habiletés qui font de vous un bon athlète, comme la concentration, le dévouement, l’engagement, le savoir-faire physique et l’esprit critique sont universels et elles vous mèneront bien plus loin que vous ne pouvez l’imaginer.
Ceci étant dit, mon passage au cyclisme ne s’est pas fait sans heurts. On pourrait dire que j’étais celui qui peinait le plus dans les entraînements en groupe. Cette situation m’a sans aucun doute poussé à me fier davantage à mon expérience et à concentrer mes énergies sur les performances dans les moments les plus importants. C’était un plan en deux parties visant à m’assurer que l’équipe puisse me considérer comme un coureur fiable, mais aussi pour éviter que je ne me fatigue trop avec les différentes charges d’entraînement en cyclisme.
Tout ceci nous amène à des évènements qui se sont produits récemment.
Je suis fier de vous dire que je suis la première personne à détenir un record national du 1000 m dans les deux sports. J’ai passé la dernière saison sur le circuit de la Coupe du monde de cyclisme sur piste en tant que membre de l’équipe canadienne de poursuite et j’ai fait mes débuts comme cycliste aux Championnats du monde.
Puis, la journée du 24 mars est arrivée. C’est le jour où j’ai appris le report des Jeux olympiques en raison des répercussions de la COVID-19 sur la santé et la sécurité publique.
Ce fut à la fois un soulagement et un cauchemar. Je me suis dit « Génial, ils ne sont pas annulés » et « M^*&$! Comment suis-je censé me qualifier et participer aux Jeux d’hiver de 2022 moins de sept mois après cela ? »
Je me suis donc retrouvé avec trois options, dont aucune n’est idéale.
Option 1 : Poursuivre le cyclisme, car je me suis déjà engagé pour deux ans et le temps additionnel sera un avantage dans la poursuite de mon développement dans ce sport. Je risque toutefois de ne pas me qualifier ou d’offrir une mauvaise performance aux Jeux de 2022.
Option 2 : Laisser tomber le cyclisme et y revenir après les Jeux de 2022, ce qui équivaut en gros à un abandon afin de tout miser sur le patinage de vitesse.
Option 3 : Faire face à cet obstacle et miser sur moi-même en tant qu’athlète en utilisant tout mon savoir pour créer et communiquer un plan réalisable avec l’aide des deux équipes nationales, ce qui me permettra de m’entraîner et de compétitionner dans les deux sports simultanément afin de me préparer pour des Jeux olympiques consécutifs à l’intérieur d’un délai inédit.
Il va sans dire que pour moi, les deux premières options étaient inacceptables. Pour être vraiment honnête, la troisième option était la seule qui reflétait qui je suis et qui je veux être en tant que personne. Elle me donne la possibilité d’atteindre mon objectif d’être un athlète olympique dans deux sports, tout en mettant en valeur le fait que je veux d’abord être considéré comme un athlète.
« L’important dans la vie, ce n’est point le triomphe mais le combat ; l’essentiel, ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu. » – Maxime olympique
Désormais, je me fie à ma réputation d’athlète. Je prends des décisions calculées pour donner tout ce que j’ai aux deux équipes nationales. J’ai comme objectif d’être équitable envers ces équipes puisqu’elles me soutiennent. Je veux aussi l’être envers mon corps, mon esprit et ma personne, possédant des rêves et des objectifs.
Tout ce que vous pouvez faire en tant que personne, c’est de vous fixer des objectifs. Le monde trouvera des moyens de mettre des barrières sur votre chemin. C’est à vous de décider si vous faites demi-tour, si vous prenez un détour ou si vous posez le pied par terre pour commencer à sauter par-dessus ces barrières.
Si vous retenez une seule chose de ceci, j’espère que vous vous souviendrez qu’il n’existe pas une seule bonne façon de poursuivre vos rêves, car vous serez toujours confrontés à de nouveaux défis en cours de route. Concentrez-vous donc à faire les choses à votre manière et à tirer profit au maximum de ce que vous possédez.
Vincent De Haître a participé à deux Jeux olympiques en patinage de vitesse sur longue piste, à Sotchi 2014 et à PyeongChang 2018.