La folle odyssée de Keegan Messing vers Beijing
Si Keegan Messing ressentait encore les effets du voyage effréné et exténuant qu’il a dû faire simplement pour se rendre dans la ville hôte de ses deuxièmes Jeux olympiques d’hiver, il ne l’a pas laissé paraître lorsqu’il est sauté sur la glace du Palais omnisport de la capitale pour le programme court au Jour 4 des Jeux.
Messing a amorcé son programme court avec un sourire moqueur et a atterri trois enchaînements de sauts avec succès dont le fait saillant a été une superbe combinaison quadruple boucle piqué et triple boucle piqué, pour prendre la neuvième place. Cette performance lui a permis de facilement se qualifier pour le programme libre au Jour 6. À le voir aller sur la glace, rien ne laissait paraître qu’il n’était arrivé à Beijing que depuis à peine plus de 24 heures.
Un voyage plus long que prévu
Le voyage de Messing vers la capitale chinoise a pris une tournure inattendue lorsqu’il a reçu un test positif à la COVID-19 avant son départ du Canada. Au moment où ses coéquipiers embarquaient à bord du vol nolisé en route vers Beijing, Messing s’est retrouvé confiné dans un hôtel de Vancouver pour une semaine, incertain de savoir si son rêve olympique était toujours possible.
« Demeurer dans un état d’esprit positif a probablement été la chose la plus difficile que j’ai eu à faire », a expliqué Messing. « J’ai fait de nombreux appels à ma femme et à mon fils. Le regarder faire des trucs pour la première fois, alors que j’étais assis dans un lit à ne rien faire et à simplement attendre la fin de ma quarantaine, me donnait l’impression de perdre mon temps loin de chez moi, loin de ma famille. »
Après quatre tests négatifs, Messing a finalement été autorisé à quitter le Canada, mais la route a été tout sauf directe. De Vancouver, il avait des connexions à Montréal, Francfort et Milan, avant de finalement arriver à Beijing. Et ça, c’était après être parti de sa ville de résidence de Girdwood en Alaska.
« Le voyage n’a juste pas eu de sens. Je suis habitué aux longs voyages, mais ce périple est vraiment le plus fou que j’ai fait », a-t-il dit. « Partir de Vancouver pour ensuite survoler l’océan Atlantique au lieu du Pacifique, ça me donnait vraiment l’impression d’aller dans la mauvaise direction. »
Après avoir fait un dernier test COVID à son arrivée, Messing n’a eu que quelques minutes pour sauter dans l’autobus et se rendre à l’entraînement. Il n’a même pas eu le temps de se raser avant de sauter sur la glace, une chose dont il s’est rendu compte seulement en regardant les photos un peu plus tard.
Confiant en sa préparation
Malgré son parcours sinueux et plein d’incertitudes, Messing savait que tout le travail et la préparation qu’il avait faits avant, échelonnés sur une vie entière passée à patiner, lui permettaient d’être en bonne position.
« Je fais ce sport depuis 27 ans et s’il y a une chose que j’ai apprise pendant cette période de COVID, c’est que peu importe le nombre d’obstacles qui se dressent devant vous, votre corps se souvient comment compétitionner, a-t-il dit. « C’est ce en quoi nous avions confiance ici. »
Cette confiance a payé pour Messing qui a inscrit un pointage de 93,24 pour le programme court à Beijing 2022. Il y a quatre ans à PyeongChang 2018, Messing avait obtenu 85,11 points pour son programme court et terminé 12e de l’épreuve. Il a pris le sixième rang aux Championnats du monde 2021.
La valise perdue
C’est la deuxième mésaventure de voyage de Messing en moins d’un mois. Au début janvier, il avait dû prendre trois vols et voyager un total de 33 heures pour se rendre d’Anchorage à Ottawa pour participer aux Championnats canadiens. Ses bagages ont été perdus en cours de route et la journée avant le programme court, il avait fait son entraînement en jeans et avec aux pieds de tout nouveaux patins blancs. Heureusement, sa valise a été retrouvée et il a réussi à gagner son premier titre national.
« Je suis vraiment reconnaissant à la vie en ce moment d’avoir été capable de sauter sur la glace et de faire ce que j’ai fait », a déclaré Messing après sa prestation. «Nous avons juste conservé une attitude positive. Réaliser une performance qui me permet de repartir satisfait, cela signifie vraiment beaucoup pour moi en ce moment. »
Messing a mentionné qu’il était reconnaissant pour tout le travail accompli à l’arrière-scène qui lui a permis de rendre à Beijing ainsi que pour la conviction inébranlable de son entraîneur de longue date Ralph Burghart que le rêve se concrétiserait.
« Il me le répétait sans arrêt », a dit Messing. « Moi, je disais, si nous arrivons à Beijing ou peut-être que si ça arrive , et il lui disait non, tu seras à Beijing, dis-le. »
Plus que tout, c’est sa femme et Wyatt, son fils de sept mois, qui ont aidé Messing à persévérer à se rendre à ces Jeux olympiques d’hiver.
« Ils ont toujours été là pour moi. Je pensais à la maison et à ma famille, et ils m’aidaient à rester fort », a-t-il dit. « Quand vous avez une famille, vous avez l’impression de tout avoir, et donc ça enlève un peu de poids.»