Un ancien athlète étoile de saut à ski cherche à relancer son sport au sein de sa Première Nation
La boucle est maintenant bouclée pour le légendaire sauteur à ski canadien Steve Collins.
Il y a plus de trois décennies, il a été un pionnier dans son sport. Ces dernières semaines, il a accueilli deux des nouvelles vedettes du saut à ski canadien chez lui dans le nord de l’Ontario – une rencontre qui, espère-t-il, motivera les jeunes autochtones de l’endroit à reprendre le flambeau.
Olympien à trois reprises, Collins a vu sa passion pour le saut à ski naître dans les années 1970 sur le mont McKay, qui se trouve sur les terres de la Première Nation de Fort William, là où il a grandi. Comme bien des jeunes de la région, Collins a d’abord joué au hockey. Cependant, à l’âge de 11 ans, quand il a commencé à prendre son envol sur les tremplins enneigés qu’on avait bâtis sur le mont McKay, il a vite réalisé ce que lui réservait l’avenir sur le plan sportif.
« Après l’école, chaque fois que je descendais de l’autobus, j’allais là-bas en courant avant qu’il fasse noir et je sautais, a raconté Collins en reconnaissant qu’il ne ressentait aucune peur. J’adorais ça. »
Le prodige du saut à ski a ensuite rapidement commencé à fréquenter le Centre de saut à ski Big Thunder, qui venait d’ouvrir à l’époque et se trouvait tout près à Thunder Bay. Il a alors atteint de nouveaux sommets plus rapidement qu’on n’aurait jamais osé l’imaginer.
Atteindre la scène internationale
Il a rejoint les rangs du circuit de la Coupe du monde au cours de la saison 1979-1980 à l’âge de 15 ans et il a pu participer à des épreuves internationales importantes à Big Thunder en janvier 1980. Le mois suivant, il s’est dirigé vers Lake Placid et il est devenu un Olympien, alors qu’il a notamment fini neuvième dans l’épreuve masculine du grand tremplin. Collins a ensuite signé sa première victoire en Coupe du monde au mois de mars à Lahti, en Finlande, peu après avoir été couronné champion du monde junior.
Collins a de nouveau participé aux Jeux, soit à Sarajevo 1984, puis à Calgary 1988. Avec son ami et coéquipier Horst Bulau, il a permis au Canada de faire belle figure pendant une décennie dans les compétitions internationales de niveau élite en saut à ski.
Il est retourné à Fort William quand il a pris sa retraite du saut à ski de compétition et il a joué un rôle important aux Championnats du monde de ski nordique 1995 tenus à Big Thunder. C’était seulement la deuxième fois que cette compétition avait lieu en dehors de l’Europe et on a accordé à Collins l’honneur d’allumer la flamme officielle.
Toutefois, le saut à ski au Canada n’avait plus d’élan à ce moment-là et, un an plus tard, Big Thunder fermait subitement les portes. Ce qui ne laissait que les installations de Calgary, construites en vue des Jeux olympiques d’hiver de 1988, comme seul endroit où les sauteurs à ski canadiens pouvaient s’entraîner dans leur pays. En 2018, ces installations ont aussi été fermées, forçant l’équipe nationale à dénicher un lieu d’entraînement ouvert à longueur d’année en Europe dans le cadre de leur préparation pour Beijing 2022.
Une grosse surprise à Beijing
Ç’a donc été une surprise fort bienvenue quand le quatuor composé de Mackenzie Boyd-Clowes, Matthew Soukup, Alexandria Loutitt et Abigail Strate a remporté le bronze dans l’épreuve par équipe mixte à Beijing.
Collins affirme qu’il s’est retrouvé au septième ciel quand il a vu le Canada se diriger vers la toute première médaille olympique de son histoire en saut à ski.
« C’était tout simplement extraordinaire, dit-il. J’en ai parlé à [Bulau], il était fou de joie. Ce sport est notre source de fierté et de joie. C’est notre vie.
« Quand tu as quelqu’un comme Mackenzie, il est le plus vieux de tous les sauteurs, qui se retrouve à ses quatrièmes Jeux olympiques, il n’y a pas de meilleure sensation que d’avoir enfin une médaille au cou. »
À LIRE : La médaille qui pourrait propulser le saut à ski canadien
Collins espère que ce résultat aidera non seulement à relancer son sport au pays, mais aussi, plus précisément, à nourrir les rêves des jeunes qui grandissent à Fort William.
Des athlètes olympiques inspirent la prochaine génération
À cette fin, Collins a donné un coup de main pour permettre à Boyd-Clowes et Soukup (avec leurs médailles olympiques) de rendre visite aux jeunes de Fort William à la fin du mois de mai.
Dans le cadre de l’événement, il y a notamment eu une cérémonie de purification et un discours livré par Willie Littlechild, un défenseur de longue date des droits des peuples autochtones dans le monde ainsi qu’un membre du Panthéon des sports canadiens.
Il y a aussi eu une période de questions avec les jeunes de l’endroit et les médaillés olympiques ont signé des autographes pendant des heures.
« Les jeunes étaient comblés de joie, affirme Collins. C’était très valorisant. »
Boyd-Clowes et Soukup ont aussi l’occasion de se rendre à Big Thunder, l’endroit où Collins a travaillé pour transformer son rêve en réalité. Bien qu’il affirme que c’était « honteux » de fermer Big Thunder en 1996, il s’est mis au travail dans le but de s’assurer que les jeunes d’aujourd’hui aient droit aux mêmes occasions qu’il a eues à l’époque.
Voilà plusieurs années qu’il travaille avec les propriétaires de Mont Baldy, situé au nord de Thunder Bay, dans le but de construire de petits tremplins de 20 mètres faits de neige pour permettre aux jeunes de goûter à son sport dans une ambiance détendue.
C’est magnifique de voir à quel point c’est facile d’amener les enfants à s’y intéresser, dit-il. Ils sont sur les pentes, il y a des tremplins et des rampes un peu partout, et ils voulaient juste s’y essayer. »
Créer de l’intérêt dans les communautés des Premières Nations
Bien qu’ils n’aient pas encore le bon équipement pour faire du saut à ski, Collins espère que ces activités permettront de mieux faire connaître et de stimuler l’intérêt pour son sport non seulement à Fort William, mais aussi dans les communautés des Premières Nations environnantes.
Ça semble fonctionner. Quand Collins a vu un jeune poser des questions réfléchies à Boyd-Clowes et Soukup, il a réalisé que c’était un des jeunes qui avaient participé aux journées qu’il avait organisées sur les pentes.
« Ce jeune-là avait littéralement remonté la pente avec ses skis aux pieds, sans arrêt, sans arrêt – et il n’arrêtait pas de sauter jusqu’en bas, jusqu’en bas », raconte Collins.
« Ce jeune-là pourrait être champion du monde dans cinq ans, tellement il est bon. »
Peu importe ce que leur réserve l’avenir, une chose est claire : Collins et ses collègues olympiens ont donné à une nouvelle génération de sauteurs à ski l’occasion de rêver et de voir grand.