Les athlètes d’Équipe Canada partagent leurs défis en matière de santé mentale

Chaque jour, nous sommes inspirés par les athlètes d’Équipe Canada.

Et cette inspiration ne se limite certainement pas à leurs performances athlétiques. Nous pouvons beaucoup apprendre de leurs parcours, y compris comment ils traversent des moments difficiles et surmontent les obstacles.

À l’occasion de la Journée Bell Cause pour la cause, nous avons demandé à des olympiens et des espoirs olympiques de partager les défis de santé mentale auxquels ils ont été confrontés pendant la pandémie et les mesures qu’ils ont prises pour aller mieux. Nous les remercions pour leur ouverture et leur franchise quant aux batailles qu’ils mènent à l’abri des regards.

Kia Nurse, Basketball

« L’arrêt soudain de mon entraînement a été très dur sur ma santé mentale. Au début de ma basse saison, j’avais hâte de revenir sur le court et au gym pour améliorer mon jeu et réhabiliter mon corps. Cependant, la santé et la sécurité sont de la plus haute importance. J’ai pallié à la situation en commençant à me concentrer sur une ou deux choses que je pouvais faire pour m’améliorer à la maison : m’entraîner chez moi, courir à l’extérieur et manger sainement. J’ai trouvé que me concentrer sur les petites choses que je peux contrôler faisait une grande différence. »

Kia Nurse #5 d’Équipe Canada joue le ballon contre la Serbie lors de la ronde préliminaire des Jeux olympiques de Tokyo 2020, le lundi 26 juillet 2021. Photo de Leah Hennel/COC

Antoine Valois-Fortier, Judo

« Lorsque la pandémie a frappé en mars, j’ai perdu mon plan d’entraînement olympique au complet. C’était très difficile mentalement. Faire face à tant d’incertitude, sans avoir de calendrier avec des objectifs pour me motiver pour la première fois en 12 ans, rendait mes journées très longues. Je devenais anxieux face à l’avenir et me sentais perdu.

La solution pour contrer cette incertitude est arrivée en trois parties.

1. Me fixer des objectifs à court terme.
2. Trouver mes « donneurs d’énergie » et mes « draineurs d’énergie ».
3. Rester le plus possible en contact avec ma famille et mes amis. »

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Meaghan Benfeito, Plongeon

« Le plus grand défi auquel j’ai dû faire face pendant la pandémie était de rester motivée et de continuer à m’entraîner. Il y a eu de nombreux jours où je ne voulais vraiment pas m’entraîner. L’idée d’abandonner était bien là, mais ce qui m’a aidé à traverser tout ça, c’est que j’ai pu compter sur mon système de soutien. Je me suis permis de traverser mes émotions et de pleurer quand j’en avais besoin. J’ai également gardé une routine quotidienne et un objectif pour chaque jour, peu importe comment je me sentais. »

Meaghan Benfeito et Caeli McKay du Canada présentent leur médaille d'or après leur victoire en plongeon synchronisé
Meaghan Benfeito et Caeli McKay du Canada présentent leur médaille d’or après leur victoire en plongeon synchronisé à la plateforme de 10 m lors des Séries mondiales FINA à Montréal, le 28 février 2020. LA PRESSE CANADIENNE/Graham Hughes

Caeli McKay, Plongeon

« En 2020, j’ai vraiment eu du mal à trouver mon identité sans le sport dans mon quotidien. Je devais trouver ma valeur au-delà du sport et réaliser que je ne suis pas « qu’une plongeuse ». J’ai pris beaucoup de temps pour reconnaître mes succès passés dans le sport, mais aussi mes succès en tant qu’individu à part entière. »

Vincent de Haître, Cyclisme sur piste/ Patinage de vitesse

« Les défis de l’entraînement dans deux sports pour les JO de 2021 et 2022 sont tellement immenses que seuls les membres les plus proches de mon équipe de soutien (entraîneurs, physiothérapeute, psychologue) peuvent vraiment comprendre. Ce sont ces personnes sur lesquelles je m’appuie pour continuer à faire progresser mon corps et mon esprit, à travers chacun des obstacles sur ma route. »

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Kelsey Mitchell, Cyclisme sur piste

« Quand les Jeux olympiques ont été reportés, j’étais épuisée physiquement et mentalement. Mais j’avais un choix à faire : continuer à me sentir mal par rapport à ma situation, ou voir ça comme une opportunité. Mon état d’esprit a changé et j’ai ravivé ma flamme! Un an de plus pour être au meilleur de moi-même à mes débuts olympiques. »

Kelsey Mitchell célèbre sa médaille d’or aux Jeux de Tokyo 2020, le dimanche 8 août 2021.(AP Photo/Christophe Ena)

Skylar Park, Taekwondo

« Dans ma préparation pour mes premiers Jeux Olympiques, ma santé mentale a été une priorité absolue. Le parcours d’un athlète d’élite comporte ses hauts et ses bas, surtout en ces temps incertains. L’interruption de l’entraînement, le stress des restrictions toujours changeantes et la pression de rester au sommet de sa forme tout en le faisant de façon sécuritaire ont été les plus grands défis de ma vie. Je suis extrêmement reconnaissante et chanceuse que ma plus grande force réside dans le soutien que ma famille m’apporte, en misant toujours sur l’importance de la santé mentale au même titre que la santé physique. Quelle que soit la source de votre force mentale, acceptez-la et développez-la au quotidien. »

La combattante canadienne de taekwondo Skylar Park, bleu, se bat contre l’Australienne Stacey Hymer lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020, le dimanche 25 juillet 2021. Photo de Stephen Hosier/COC

François Imbeau-Dulac, Plongeon

« J’ai lutté contre des troubles alimentaires de 2012 à 2015. Quand nous sommes entrés en confinement, ma relation avec la nourriture était encore difficile. J’évitais les aliments gras et riches en calories et je ne pouvais pas manger avec les autres. Je mangeais parce que je devais le faire, et non parce que j’aimais ça.

J’ai pris le temps de déconstruire ma perception et mon comportement face à l’alimentation. Le fait d’être loin de la piscine m’a aidé à bâtir une relation plus saine avec la nourriture et m’a appris à apprécier un repas avec ma famille sans aucune culpabilité. »

Cynthia Appiah, Bobsleigh

« Le moment le plus difficile de 2020 a été le sentiment de terreur qui m’a habité lorsque nos camps d’équipe ont été annulés et que les installations de Toronto et de Calgary ont été fermées durant l’été. J’ai ressenti du désespoir, je me disais « À quoi ça sert de faire tout ça encore? ». Essayer de rester positive au début de la pandémie m’a épuisé et j’ai même considéré tout lâcher. Je me suis sortie de ce « blues », sachant que je ne pouvais pas abandonner. Pour chaque mauvaise nouvelle, il y avait de petits bouts d’optimisme qui apparaissaient. J’ai gardé le cap dans l’espoir que chaque « peut-être que » de nos entraîneurs se transforme en « ça va se produire ».

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Cynthia Appiah, d’Équipe Canada, participe à la quatrième manche de monobob féminin lors des Jeux olympiques d’hiver de Beijing 2022, le lundi 14 février 2022. Photo de Mark Blinch/COC

Sarah Douglas, Voile

« Sans aucun doute, le report des Jeux Olympiques a eu un impact sur ma santé mentale. J’ai eu des problèmes de motivation au début; j’ai dû changer de perspective et réajuster mes objectifs. J’écrivais dans un journal et je faisais de la méditation pour gérer mes émotions et me concentrer sur ce que je pouvais contrôler.  Je me suis mise au défi à travers de nouvelles avenues et je me suis assurée d’avoir du plaisir lors de mes journées sur l’eau. »

Photo : courtoisie de Sarah Douglas.

Brittany Crew, Athlétisme

« Je combat la maladie mentale depuis 2013. J’ai souffert pendant de nombreuses années avant de chercher l’aide dont j’avais besoin. Je suis stable depuis environ 2 ans maintenant. J’étais donc mieux outillée pour faire face à la pandémie que la population moyenne.

Le défi le plus difficile a été de trouver un moyen de continuer à m’entraîner lors du premier confinement. Néanmoins, je suis une personne créative et résiliente. J’ai déménagé à la ferme de mon oncle et de ma tante pour éviter d’être seule à Toronto. Mon oncle m’a construit un espace de lancer du poids et a renoncé à son salon pour que je puisse me faire un gym avec l’équipement prêté par mon ancien professeur de l’école secondaire. J’ai essayé de maintenir une routine du mieux que je pouvais et de me concentrer sur des trucs que je n’avais jamais eu la chance de faire auparavant. »

Brandie Wilkerson, Volleyball de plage

« L’année dernière, c’est le mouvement Black Lives Matter qui m’a le plus affecté. Ces événements sont devenus un catalyseur de douleur et de désespoir, mais aussi d’espoir, d’amour et de changement. J’ai trouvé la force de me concentrer sur le rôle que je voulais jouer dans le monde de demain. J’ai bâti ma confiance en partageant ma vérité, en échangeant avec les gens et en alignant mes buts personnels à un objectif plus grand que moi – être profondément fière des belles subtilités raciales et de la lutte culturelle que nous livrons, tant sur le terrain que dans la société, afin que pour les générations à venir et toutes les personnes de couleur sachent qu’elles auront toujours une place exactement là où elles choisissent d’être. »

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Larissa Franklin, Softball

« 2019 devait être l’une des meilleures années de ma carrière de softball. Mais ce ne fut pas le cas. J’étais épuisée et cela s’est manifesté sous forme de dépression. Tu t’attends à ce qu’une qualification pour les JO à domicile soit l’un des moments les plus mémorables de ta carrière. Tout ce que je pouvais ressentir, c’était le soulagement du devoir accompli et de pouvoir enfin prendre soin de ma santé mentale sans avoir à me soucier que ma performance en soit affectée. Chaque mois consistait à développer de nouvelles pratiques et des réflexes d’adaptation au quotidien, tout en étant plus gentille envers moi-même. Chaque mois, je me sentais de plus en plus en contrôle. 2020 a été mon test ultime pour mettre en pratique mes nouveaux outils. En me concentrant sur ma santé mentale en 2019, je me suis dotée des outils pour relever les défis de 2020. »

Larissa Franklin prend une pause avec ses coéquipières de l’équipe de softball féminine du Canada lors d’une pratique à la Coupe du Canada 2018 de Surrey, en Colombie-Britannique, le 17 juillet 2018. LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyck

Stephanie Labbé, Soccer

« 2020 a été une année difficile à bien des égards. Le plus grand défi pour moi était mon anxiété sévère. Ne pas avoir mon sport comme pilier habituel a rendu cette expérience encore plus difficile. Le soccer est ma source de bonheur, le moment où je peux tout oublier et simplement jouer, où je suis la version la plus confiante et libre de moi-même.

Au fil de l’année, mon anxiété a augmenté à un niveau où, certains jours, j’avais l’impression de ne plus pouvoir fonctionner, de ne plus pouvoir penser clairement. Je n’arrivais pas à arrêter de pleurer et parfois, je peinais à reprendre mon souffle.

Je suis incroyablement reconnaissante envers ma copine Georgia qui est mon roc, mon havre de paix. Elle m’a rappelé de respirer, m’a donné l’espace pour vivre mes émotions et être entendue, et m’a aimée inconditionnellement. Je suis reconnaissante envers ma famille et mes amis qui ont constamment pris de mes nouvelles, m’ont envoyé de l’amour et de la compassion et ont fait des sacrifices pour moi. Et je suis reconnaissante envers mon psychologue du sport qui m’a aidé à garder les pieds sur terre, m’a ramené dans le droit chemin et aidé à m’enraciner quand j’avais l’impression d’être déroutée.

C’est normal de ne pas aller bien. Contactez vos proches et demandez-leur comment ils vont. Vous n’êtes pas seul dans cette bataille. Permettez à vos proches d’être là pour vous. Continuez à progresser, peu importe la vitesse à laquelle vous allez, continuez. »

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Danielle Lappage, Lutte

« Les Jeux ont été reportés et peu après, j’ai subi une blessure importante. Au début, j’avais l’impression qu’on m’avait volé mes rêves sous mes yeux. J’étais déprimée et anxieuse. J’ai cherché de l’aide professionnelle en santé mentale et je me suis tournée vers mon partenaire, ma famille et mes amis pour m’aider à traverser ces jours sombres. Je suis maintenant confiante et optimiste, alors que nous nous dirigeons rapidement vers #Tokyo202ONE. »

La Canadienne Danielle Lappage se bat contre Khanum Velieva du Comité olympique russe dans l’épreuve féminine de style libre 68 kg lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020 le 02 août 2021. COC/Handout Dave Holland

Caileigh Filmer, Aviron

« Je n’arrivais pas à me lever le matin, et encore moins à prendre soin de moi seule. J’ai pris du recul par rapport au sport et je me suis concentrée sur ce qui m’aiderait à être en bonne santé. Ce n’était plus question de performer dans le sport, mais plutôt d’accomplir les tâches du quotidien. Quand j’ai pu revenir à l’aviron, je n’avais plus rien à perdre, j’étais simplement reconnaissante d’être là, alors j’ai recommencé à tout donner, à chaque jour.  »