Le journal de Sylvain à L'AIO : C’est comment l’Académie?

La session d’été 2011 de l’Académie internationale olympique est maintenant terminée depuis quelques heures. Nous avons quitté Olympie, la mythique vendredi matin pour mettre le cap sur Athènes. Deux semaines plus tôt, nous faisions le chemin inverse. Déjà deux semaines qui ont filé à la vitesse d’un battement de paupière.

Depuis quelques jours, ma boîte de courriels est inondée de messages (auxquels je n’ai malheureusement pas eu le temps de répondre) se résumant à ceci : « Pis, c’est comment l’Académie? »

La réponse à cette question est aussi simple que complexe, courte que longue, joyeuse que triste.

Parce que le cadre de cette session sort de celui de n’importe quelle autre expérience, parce que ce cadre permet de toucher les cultures, les politiques, les sociétés, le sport, les différences et les ressemblances, l’émotivité et la raison, les histoires fabuleuses et les destins tragiques, cette session de l’IOA est indéfinissable.

Mes mots ne sauront jamais décrire et rendre justice à l’intensité du moment. Oui, j’ai eu la chance d’acquérir bon nombre de connaissances sur Pierre de Coubertin, le mouvement olympique et son histoire, la trêve olympique, le sport et la politique, l’éducation olympique dans différents pays, etc. J’ai toujours considéré le savoir comme la clé du succès. On peut enlever tout à une personne: sa famille, son argent, sa maison. Mais on ne peut jamais lui enlever son éducation.

Oui, la connaissance académique est primordiale. Mais ce que j’ai appris sur les gens à Olympie est probablement ce qui me marquera le plus. It’s all about people. Évidemment, il est impossible de créer des liens avec 200 personnes lors d’un séminaire de deux semaines, et ce, même si nous vivons ensemble 24/7. Les liens qui ont été créés, par contre, se sont développés à grande vitesse V. Impossible d’apprendre plus sur autant de personnes en si peu de temps dans un autre cadre. Sur leur passion, leur dévouement, leur courage, leur parcours, leur personnalité, leurs forces et faiblesses, leur histoire, leur pays.

Oui, les histoires des athlètes qui ont participé aux Jeux olympiques m’ont impressionné. Qu’ils aient gagné ou non une médaille olympique, leur parcours est une source d’inspiration hors du commun. Mais les récits de ceux qui en ont encore plus bavé ne sont-ils pas les plus inspirants?

Comment rester de glace devant le récit de la judoka brésilienne Daniela Duque Estrada Polzin? Après avoir raté les Jeux olympiques de Sydney en raison d’une blessure, Daniela parvient finalement à se qualifier pour les JO d’Athènes. Mais trois jours avant sa compétition olympique, Daniela se blesse et doit déclarer forfait. Quatre ans plus tard, Daniela se qualifie également pour les JO de Beijing, mais une blessure la force, encore une fois, à devoir dire au revoir à son rêve olympique… temporairement. Malgré les années, Daniela décide de poursuivre son combat jusqu’à Londres. Mais il y a dix mois, Daniela se blesse… encore. Daniela devrait pouvoir revenir à la compétition en mai 2012 seulement… trop tard pour pouvoir se qualifier pour les JO de Londres. Quatre chances de participer aux Jeux olympiques… quatre occasions ratées en raison de blessure… Quatre rêves olympiques brisés et un cœur brisé.

Idem pour les parcours du Sri Lankais Udana Bandara et du Malien Cheick N’Diaye. Deux mecs provenant de pays où la structure sportive est inexistante comparativement à celle de pays comme le Canada, les États-Unis, la Norvège, l’Allemagne ou l’Australie. Deux mecs provenant de pays où l’argent pour les athlètes est inexistant. Deux mecs provenant de pays où la corruption est le plus grand frein au développement du sport. Mais, malgré tous ces facteurs, possiblement les deux participants les plus motivés du lot. Les deux posant le plus de questions. Les deux ayant souvent les perspectives les plus pertinentes. Les deux les plus désireux d’en apprendre le plus possible pour changer les choses dans leur pays. Deux mecs qui disent être là pour apprendre, mais qui, au bout du compte, ont fait apprendre à bien des participants le sens d’une notion plus importante encore: l’humilité.

Une expérience de deux semaines, des leçons qui dureront toute la vie. Oui, c’est un peu ça la session d’été de l’Académie internationale olympique. Je tiens à remercier du fond du coeur le Comité olympique canadien pour m’avoir fait confiance et m’avoir donné la chance de vivre cette expérience unique. Je n’oublierai jamais ces deux semaines passées à Olympie.

Olympiquement vôtre