Comment le roi de la courte piste au Canada maintient son règne
En février prochain, lorsqu’il sautera sur la patinoire du Palais des sports de glace Iceberg de Sotchi pour disputer ses troisièmes Jeux olympiques d’hiver, Charles Hamelin aura rivalisé avec les meilleurs au monde – et les aura souvent vaincus – depuis une décennie.
Et le roi de la courte piste au Canada tient encore le rythme.
Lors des récents essais de sélection d’équipe à Montréal, Hamelin a pris part à trois courses dans chacune des trois épreuves individuelles (500 m, 1000 m et 1500 m) sur une période de 12 jours et remporté huit de ces courses consécutivement.
« Je n’aurais pas pu en rêver [d’une telle régularité], alors c’est vraiment plaisant que j’aie été capable de faire tout ce que je voulais sur la glace », a déclaré Hamelin. « C’est difficile de performer aussi longtemps au même niveau, mais j’y suis arrivé… je pense que c’est un bon signe pour Sotchi. »
C’est sans doute un bon signe venant de ce vétéran, champion et leader.
Une équipe sera chanceuse si elle compte sur différents athlètes pour remplir chacun de ces rôles essentiels à son succès. Dans l’équipe canadienne de courte piste, par contre, c’est Charles Hamelin, l’orgueil de Sainte-Julie (Québec), qui s’identifie aux trois rôles à la fois.
LE VÉTÉRAN, L’ÉLÉMENT CONSTANT DE L’ÉQUIPE
Au vu de son palmarès, Charles Hamelin n’a plus grand-chose à prouver.
En 2005, il remporta la première de ses 16 médailles individuelles aux Championnats du monde. On l’a couronné deux fois champion mondial au 500 m. En relais, il a fait partie de cinq équipes championnes du monde.
Il était le plus jeune membre de notre équipe masculine de courte piste aux Jeux olympiques d’hiver de 2006 à Turin. Alors âgé d’à peine 21 ans, il rentra au pays avec une médaille d’argent obtenue au relais 5000 m après avoir raté de peu le podium avec une quatrième place au 1500 m.
Quatre ans plus tard, il fut l’as de l’équipe aux Jeux de Vancouver, remportant deux médailles d’or en une demi-heure à peine. Sa victoire individuelle au 500 m et, ensuite, sa contribution au triomphe de son équipe au relais 5000 m firent de lui le seul double médaillé d’or du pays lors de ces Jeux en sol canadien.
Mais Charles est un champion et, comme tout champion, il a toujours faim de nouveaux exploits.
LE CHAMPION, CELUI QUI VISE TOUJOURS LE SOMMET
Charles Hamelin n’est certes pas le seul athlète marquant dans l’histoire du patinage sur courte piste au Canada. Notre pays, fort des 25 médailles récoltées depuis que ce sport a fait ses débuts olympiques officiels à Albertville en 1992, n’y est devancé par aucun autre, hormis la Corée du Sud. On ne doit donc pas se surprendre que les deux olympiens d’hiver les plus décorés du pays, Marc Gagnon et François-Louis Tremblay, avec cinq médailles chacun, soient tous deux des patineurs de vitesse sur courte piste.
Mais Hamelin pourrait égaler ou même dépasser leur total de médailles à Sotchi.
En fait, il semble que rien, sinon la blessure à la cheville qui lui fit manquer la dernière finale du 1000 m, ne l’aurait empêché de remporter ses neuf courses aux essais d’équipe. Heureusement, Charles n’a subi aucune fracture et il sera prêt pour la Russie.
Mais c’est justement son instinct du compétiteur, même s’il avait déjà scellé sa place dans l’équipe, qui inspire ceux et celles qui l’entourent.
UN LEADER QUI RESTE CALME ET QUI PERSÉVÈRE
« Je suis très content de voir à quel point il fait bien », confie Olivier Jean, qui a remporté l’or au relais 5000 m aux Jeux de Vancouver en compagnie d’Hamelin. « Actuellement, il est dans une forme fantastique. Il est un grand leader à l’entraînement et, avec lui, tout le monde va s’améliorer. »
Tout comme Hamelin, Jean aura 29 ans l’an prochain à Sotchi, et on le respecte aussi comme leader d’équipe en raison de son attitude positive et professionnelle. Cependant, si Jean a la parole plus facile que l’autre, leurs coéquipiers soulignent l’influence discrète d’Hamelin.
« Il est plutôt calme à l’entraînement », affirme Charle Cournoyer, qui vient tout juste de disputer ses premiers Championnats du monde en 2013. « Charles est le genre de gars qui est toujours en train de mener, et c’est quelque chose que je remarque vraiment d’en arrière et que je voudrais faire. »
Cournoyer, qui doit aller à Sotchi en tant que recrue olympique à l’âge de 22 ans, a offert une performance impressionnante aux essais masculins, finissant parmi les trois meilleurs avec Hamelin et Jean grâce à ses cinq résultats de deuxième place.
« Au cours des deux dernières années, je l’ai beaucoup observé, et ça m’a aidé à atteindre le niveau où j’ai maintenant une chance d’aller aux Olympiques. »
Hamelin, tout comme il respectait Gagnon, sait qu’aujourd’hui la plus jeune génération lui porte respect.
« C’est vraiment amusant à voir parce que je ne serai pas toujours là », signale Hamelin en rigolant. « On aura besoin d’autres gars pour prendre la place quand je serai à la retraite, et je suis vraiment heureux que ces gars-là soient ici. »
Puisque tous les membres de l’équipe nationale masculine s’entraînent ensemble à Montréal, l’influence d’Hamelin peut être sentie quotidiennement, mais Charles admet que l’atmosphère l’encourage aussi.
« On est une grande famille et on veut toujours aider tout le monde à s’améliorer, alors on a envie de se pousser jusqu’à nos limites. C’est vraiment agréable de faire partie d’un tel groupe, et c’est la raison pour laquelle je peux encore être aussi bon à 29 ans. »
L’effet Hamelin n’agit pas que chez les hommes.
Marianne St-Gelais, sa petite amie, coéquipière et elle aussi médaillée olympique, ne doute pas que ses performances sont meilleures du simple fait que Charles est tout près.
« Quand j’ai une poussée de stress ou je ne suis pas assez confiante, Charles est là pour me dire ‟hé, Marianne, ne te presse pas, ça va bien, tu vas te débrouiller, tu sais comment faire”. C’est pour cela que je l’aime. J’adore sa personnalité; à part ça, il est un très fort patineur et j’apprends encore de lui. »
EN ROUTE VERS SOTCHI
Comme le processus interne de sélection d’équipe est maintenant complété, l’équipe canadienne de courte piste visera à présent une qualification officielle pour Sotchi 2014. Dans l’esprit d’Hamelin, il n’y a pas meilleure préparation que de se mesurer à ses coéquipiers.
« C’est vraiment difficile de faire des courses au Canada, parfois plus difficile qu’en Coupe du monde, et ça me donnera beaucoup de confiance quand j’irai là-bas. Cette confiance, quand vous l’avez, rend vos courses un petit peu plus faciles, et c’est parfois ce qu’il vous faut pour aller chercher l’or. »
La saison de la Coupe du monde s’enclenchera en Asie avec des arrêts à Shanghai, en Chine (du 26 au 29 septembre) et à Séoul, en Corée du Sud (du 3 au 6 octobre); le circuit se déplacera ensuite en Europe pour les épreuves de qualification olympique à Turin, en Italie (du 7 au 10 novembre) et à Kolomna, en Russie (du 14 au 17 novembre). Les résultats à ces deux compétitions finales de la Coupe du monde détermineront le nombre de participants olympiques de chaque pays.
Le Canada a comme objectif de qualifier une équipe complète de cinq hommes et cinq femmes. Les noms de ces athlètes seront officiellement annoncés le 29 août.