Les bobeurs canadiens se dévoilent
La prochaine escale sur la route qui me permet d’aider les athlètes se préparant pour les Jeux de Sotchi à trouver les moyens de réaliser leur rêve m’amène chez les hommes de Bobsleigh Canada. On sait que plusieurs joueurs de la LFC ont fait le saut en bobsleigh. Même s’ils sont des joueurs de football professionnels, ils font face aux mêmes défis financiers que leurs coéquipiers amateurs dans la poursuite de l’excellence olympique.
Les Championnats canadiens auront lieu cette semaine à Whistler et nous vous présentons trois bobeurs qui ont le podium olympique dans leur mire :
Sam Giguère
Sam Giguère est l’un des rares athlètes à essayer de concilier un horaire de la LFC avec son rêve olympique. Évoluant présentement au sein de la LFC chez les Tiger Cats d’Hamilton comme receveur éloigné, Sam a aussi joué dans la NFL pour les Giants de New York et les Colts d’Indianapolis. Excessivement déterminé, il étudie en plus la comptabilité à l’Université de Sherbrooke.
Son prochain but? Être freineur dans l’équipe canadienne aux Jeux de Sotchi.
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Puisque l’équipe de bobsleigh et la LFC s’entraînent en même temps, il faut être très discipliné pour jongler avec un entraînement en bobsleigh, la préparation hebdomadaire de la LFC et les blessures qui sont communes pendant la saison de football. Lorsque les coéquipiers de Sam ont bénéficié d’une semaine de pause au mois d’août, il s’est rendu à Calgary pour s’entraîner sur la piste avec le reste de l’équipe de bobsleigh. Lors d’une période creuse en 2011 où il a raté une saison de la LFC en raison de blessures, Sam a écrit à Bobsleigh Canada pour dire qu’il avait envie d’essayer le bobsleigh, chronomètres de sprint et prouesses en musculation à l’appui.
Pendant la semaine passée au camp d’entraînement, il en a épaté plus d’un.
La famille avant tout
Sam ignore s’il sera repêché par l’équipe olympique, mais cela ne l’empêche pas de bosser dur en pratiquant deux sports. Il considère que le bobsleigh l’aide à moins s’en faire avec le football quand les choses ne tournent pas comme prévu… et vice versa. Mais la principale source d’inspiration de Sam pour rester concentré sur le plan physique et mental est sa petite famille.
Pour garder les pieds sur terre et rester concentré sur son rêve olympique, Sam peut compter sur sa femme Rose et leur fille Lily-Rose. Enfant, il adorait regarder le bobsleigh aux Jeux olympiques en se demandant comment c’était de dévaler la piste à toute vitesse. Aujourd’hui, c’est le souhait que sa fille le voie devenir un athlète olympique et aspire peut-être à suivre ses pas, qui le pousse à mettre les bouchées doubles pour faire sa place chez les meilleurs.
Jean-Nicolas Carrière
Jean-Nicolas Carriere, ou Nick comme on l’appelle, n’a pas connu autant de chance que Sam dans la LFC. Il a pris une retraite forcée après seulement deux saisons en raison d’une blessure à l’épaule.
Originaire de Rockland en banlieue d’Ottawa, Nick est un habitué des projecteurs. Il était le joueur de football vedette de sa ville où tout le monde le connaissait. En repensant à ces années, il se rappelle n’avoir jamais connu autre chose. Mais le vent peut tourner rapidement.
En mars 2011, Nick a touché le fond.
Il travaillait comme agent de recouvrement dans une banque, ce qui le déprimait profondément. Il se demandait s’il revivrait un jour la vie d’athlète qui le passionnait tant. Il regrettait l’absence de compétition et n’était pas fait pour un monde sans objectifs ambitieux.
« Mon boulot et mon rythme de vie me tuaient à petit feu, » se souvient-il.
Retomber sur ses pieds
C’est à ce moment que l’athlétisme est entré dans sa vie.
Nick voulait ouvrir un complexe d’entraînement cross-fit quand il est tombé sur Craig Taylor au Ottawa Lions Track Club. Sans tarder, il a envoyé son c.v. à Bobsleigh Canada comme Sam Giguère avant lui. Moins d’un an après les heures les plus sombres de sa vie, il s’entraînait à Calgary et l’équipe canadienne de bobsleigh des Championnats du monde le repêchait. En six mois, il a pris 11 kilos en ne faisant aucune concession sur la vitesse. Sa prise de poids a permis de garder le poids du bobsleigh à un minimum ce qui nécessite une poussée moindre de la part des athlètes. C’était essentiel dans la poursuite de l’excellence de Nick en bobsleigh.
Pour l’amour du sport.
Pour la première fois depuis une éternité, Nick avait l’impression de pratiquer un sport pour se faire plaisir. Il avait aussi l’impression de contribuer à quelque chose de plus grand que lui et ce sentiment avait des répercussions positives sur sa vie.
Sa mère, Louise Carrière, est sa principale source d’inspiration. C’est elle qui l’a poussé à poursuivre ses études, même s’il voulait devenir joueur de football professionnel. Il a donc obtenu un diplôme de l’Université McGill. Louise est la première personne à qui Nick a confié vouloir aller aux Jeux olympiques.
Elle a répliqué sans hésiter : « Ouais, ça a du sens! »
Elle voyait le parcours émotionnel de son fils et elle avait pleinement confiance en son éthique de travail. Les paroles de sa mère motivent encore plus Nick à monter sur le podium à Sotchi.
Jesse Lumsden
Jesse Lumsden est probablement le visage le plus connu de l’équipe de bobsleigh. Avant de se blesser, il était porteur de ballon dans la LFC où il suivait les traces dede son père Neil qui a remporté la Coupe Grey à trois reprises avec les Eskimos d’Edmonton.
Mais, ce sont les Jeux olympiques de 1988 à Calgary, auxquels il a assisté avec son père, qui l’ont le plus influencé en marge de la carrière de footballeur de son célèbre paternel.
Il garde deux souvenirs de ces Jeux qu’il a passé assis sur les épaules de son père : le stand d’échange d’épinglettes, un classique à chaque édition des Jeux, et les épreuves de bobsleigh.
Deux sports sur la corde raide
Après encore une autre blessure en 2010, les Stampeders de Calgary voulaient que Jesse revienne dans leurs rangs. Il a eu une franche conversation avec l’entraîneur en chef de l’équipe, John Hufnagel, qui s’est soldée par la décision d’arrêter le football et de tenter sa chance dans l’équipe olympique.
Jesse s’est rendu compte qu’il aimait le football, mais qu’il aimait encore plus porter les couleurs de son pays.
Pendant son passage chez les Stampeders, il est devenu pilote de bobsleigh en développement. En 2010, il a participé aux Jeux olympiques avec Pierre Lueders, mais il n’a pas remporté de médaille. À Sotchi, il prévoit être freineur en bob à deux et faire partie de l’équipage du bob à quatre. Il compte bien revenir de la Russie médaille au cou.
L’élite a un prix
Ne vous laissez pas berner par leur statut de footballeurs professionnels. Les trois athlètes luttent toujours pour obtenir les fonds suffisants pour vivre leur amour du sport et représenter leur pays. Jesse Lumsden lançait dernièrement une campagne de financement née d’un voyage de pêche avec son ami Glen Downs : il vend des bracelets de survie aux couleurs de l’équipe canadienne pour 15 $. Les bracelets sont faits de 3 mètres de corde de survie et ont été baptisés « Survivre à Sotchi ». La confection d’un bracelet nécessite environ 15 minutes et Jesse suit des instructions trouvées sur YouTube. Les 70 premiers bracelets se sont envolés en deux jours sur son compte Twitter et celui de Sam Giguère. Il est à la recherche d’un fabricant, mais en attendant, les bracelets sont faits main par Jesse, ses amis et sa copine Helen Upperton, médaillée d’argent en bobsleigh à la retraite.
Pour encourager ces athlètes fantastiques, rendez-vous à jesselumsden28.com; samgiguere.com; myridetoslide.ca et olympique.ca/fondation/
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