La sprinteuse Kim Hyacinthe sur la confiance en soi, le leadership et les casse-têtes
Kim Hyacinthe espère que la troisième fois sera la bonne et que son rêve olympique deviendra réalité.
Après avoir raté sa qualification pour Londres 2012, Hyacinthe été nommée au sein de l’équipe en vue de Rio 2016. Elle a toutefois dû déclarer forfait quelques jours seulement avant les Jeux en raison d’une blessure. On peut dire que l’athlète de 31 ans s’est souvent montrée résiliente face à l’adversité.
Comme elle l’a raconté récemment à Olympique.ca, son implacable confiance en elle continue de la propulser sur la route extra longue vers Tokyo 2020, dans cette année d’entraînement atypique et ponctuée de défis en raison de la pandémie.
Où étais-tu et comment t’es-tu sentie quand tu as appris que les Jeux olympiques de Tokyo 2020 seraient repoussés d’un an?
« J’étais chez moi et j’avais déjà le pressentiment que ça allait arriver. Je ne sais même plus ce que j’ai ressenti, parce que c’était déjà une situation tellement étrange. Tout le monde devait rester à la maison, nous n’étions pas en mesure de nous entraîner et le virus était là. C’est comme si je n’avais rien ressenti. Je me suis dit : “D’accord, c’est reporté. C’est comme ça.”»
Quand les installations où elle s’entraîne ont été fermées, elle a pu utiliser quelques-uns de leurs poids et de leurs barres pour demeurer en bonne forme. Cependant, elle se retrouvait loin du programme auquel une athlète de haute performance qui s’entraîne en prévision des Jeux olympiques est habituée.
« Mon partenaire d’entraînement et moi avons commencé à nous entraîner partout ensemble. J’ai un cabanon dans ma cour arrière et je m’y rendais pour soulever des poids. Aussi, nous courions dans les parcs, dans les rues, partout où l’on ne risquait pas de se faire expulser. »
Alors que Toronto, où Hyacinthe vit et s’entraîne, est plongé dans la deuxième vague de la COVID-19, le défi est toujours là. Son gymnase est fermé pour la seconde fois, alors s’adapte encore et poursuit son entraînement à l’extérieur, même à la mi-octobre. Cependant, elle ne sait pas combien de temps elle pourra continuer ainsi avec la météo changeante.
Qu’est-ce qui te permet de demeurer déterminée à réaliser ton rêve olympique?
« Honnêtement, je me pose la question, car je ne suis pas certaine. Je connais mon potentiel et ce que je peux accomplir. Je crois vraiment, vraiment en moi. Alors je me dis seulement que ça ne peut pas être la fin. Il y a plus qui m’attend. »
Hyacinthe a grandi à Montréal, où elle jouait au basketball en plus de faire de la course. Elle a choisi de se concentrer sur le sprint et de représenter le Canada après avoir assisté aux Championnats du monde d’athlétisme jeunesse à Sherbrooke, au Québec, en 2003.
« Cela a vraiment fait naître mon désir de faire partie d’Équipe Canada et de porter l’uniforme, surtout à cet âge. Je me disais : “Je veux porter les couleurs du Canada. Cet uniforme est tellement cool! ” Je le voulais. Comme je ne pouvais pas l’acheter, je devais travailler pour l’obtenir. »
Assister à cet événement a alimenté sa flamme intérieure et elle a fait passer son entraînement au prochain niveau. Deux ans plus tard, en 2005, elle s’est qualifiée pour les Championnats du monde d’athlétisme jeunesse à Marrakech, au Maroc, à la surprise de son entraîneur. Sa coéquipière au sein de l’équipe canadienne Melissa Bishop s’est aussi qualifiée. Après avoir vécu l’expérience de représenter le Canada et de porter l’uniforme d’Équipe Canada qu’elle voulait tellement revêtir, Hyacinthe a su comment elle voulait que la suite de sa carrière sur les pistes se déroule. Son incroyable confiance en elle a alimenté sa détermination à représenter un jour le Canada aux Jeux olympiques.
Le 28 octobre dernier, Hyacinthe était l’une des huit athlètes canadiennes à participer au Clavardage d’Équipe Canada, un forum de discussion auquel participent des étudiants de partout au pays. Le Clavardage d’Équipe Canada est le fruit d’un partenariat entre le Comité olympique canadien, le Comité paralympique canadien et Classroom Champions, un programme national d’éducation conçu pour aider les étudiants canadiens à se concentrer sur des thèmes comme le fait de relever des défis, la santé mentale, la diversité et l’inclusion, atteindre ses objectifs et ultimement devenir des champions dans leur communauté.
https://twitter.com/KimHyacinthe/status/1310782678879305728?s=20
« J’espère leur transmettre l’importance de croire en soi et en ses capacités. Il ne suffit pas de vous fier aux autres qui ont confiance en vous et en vos capacités, mais de croire que tout est possible quand vous travaillez pour l’obtenir. Et que si vous désirez vraiment quelque chose, vous devez réellement viser votre but et ne pas le lâcher, parce qu’il y a tellement de choses qui peuvent vous distraire. Il y a tellement de gens qui ne croiront pas en vous ou en votre vision. Et si vous voulez vraiment quelque chose, vous pouvez l’obtenir. Vous devez seulement croire en vous. »
Hyacinthe donne souvent des conférences dans des écoles. Cependant, puisque cela n’est pas sécuritaire pendant la pandémie, elle est fébrile d’avoir l’occasion de parler à des jeunes par l’entremise d’une plateforme virtuelle. Elle espère que cet environnement en ligne les incitera à se sentir à l’aise et à poser plus de questions.
Les étudiants qui participeront à la séance de clavardage de mercredi ont déjà visionné une vidéo sur les défis auxquels ont fait face les athlètes, selon un thème spécifique. Hyacinthe s’est concentrée sur le concept de leadership. Selon sa vision, une personne qui démontre un grand leadership n’a pas peur de perdre ou d’échouer. Elle estime que les grands leaders sont courageux, qu’ils sont de très bons communicateurs, qu’ils font preuve de caractère dans l’adversité et qu’ils sont à la fois passionnés et résilients. Quand on lui demande qui, selon elle, sont de grandes leaders dans son sport, elle nomme ses coéquipières Bishop et Phylicia George.
Qu’est-ce que tu admires au sujet des qualités de leadership de Melissa et de Phylicia?
« C’est la manière dont Melissa se comporte et ne laisse rien l’atteindre vraiment. Bien sûr, elle connaît des déceptions, mais elle sait rebondir et reste toujours elle-même. Elle s’est montrée vraiment gracieuse après sa quatrième place en 2016 et elle a continué de s’entraîner dans le but de remporter une médaille olympique. C’est la même chose pour Phylicia, qui est capable d’affronter l’adversité et de demeurer elle-même. »
Quand on l’interroge à savoir par quel leadership elle a été inspirée pendant la pandémie, Hyacinthe répond en riant : « Le mien! J’étais plutôt seule pendant la majorité du temps, à l’exception de mes partenaires d’entraînement. Alors je devais faire les choses par moi-même et être ma propre meneuse de claques. Je devais me parler, me chanter des chansons, me faire des partys. Il y avait aussi Marnie. »
Marnie McBean est la chef de mission d’Équipe Canada pour les Jeux de Tokyo 2020 et elle a envoyé des messages chaque mois aux espoirs olympiques. C’était parfois des messages d’encouragement. D’autres fois, elle prenait simplement de leurs nouvelles. « C’est une très bonne leader », a ajouté Hyacinthe.
En plus de l’entraînement, Hyacinthe a aussi profité du confinement pendant la pandémie de COVID-19 pour faire comme une majorité de Canadiens : découvrir un nouveau passe-temps, regarder des séries télévisées en rafale et encourager son équipe de basketball favorite.
« J’ai commencé à faire des casse-tête. J’aime vraiment ça. Je m’assois avec de la musique et je tente de les terminer. J’ai besoin de terminer des projets. Je restais donc éveillée vraiment tard certains soirs, mais ce n’est pas comme si je devais aller quelque part le lendemain. »
Entre les casse-tête, elle a commencé à regarder « The Office » et a terminé l’ultime saison de « Schitt’s Creek ». Elle souligne qu’elle était friande de la comédie canadienne récipiendaire à la récente cérémonie des Emmy « bien avant la COVID-19 ». « Je ne suis pas du genre à suivre la parade! »
« J’ai toujours été partisane des Raptors. Aussitôt que j’ai commencé à jouer au basketball, j’ai choisi le numéro 15 en l’honneur de Vince Carter. Même à Montréal, c’était mon numéro. En ce moment, j’aime suivre Lu Dort. Il vient de Montréal, du même quartier où j’ai grandi. C’est plaisant de suivre son évolution et de voir le genre de joueur qu’il est devenu. Je suis vraiment emballée de voir la suite. »
Quelle leçon la course t’a-t-elle apprise?
« Quand vous pensez que c’est fini, ce n’est jamais fini. Ou quand vous pensez que vous n’en pouvez plus, vous avez encore ce qu’il faut pour continuer. Surtout à l’entraînement. Parfois, vous devez faire une dernière course et vous vous dites que vous ne serez pas capable, mais vous finissez par le faire. Je pense que c’est l’une des leçons les plus importantes. Vous ne pouvez jamais abandonner. »
Les enseignants, les parents et les étudiants peuvent accéder au plan des leçons en visitant la page clavardage.olympique.ca. La séance de clavardage en français à laquelle Hyacinthe a participé est disponible ci-dessous, tandis que la séance de clavardage en anglais est accessible ici.