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Jezebel Bardot (Jason Pelletier) #UneÉquipe

#UneÉquipe Jezebel Bardot (Jason Pelletier)

La fierté a toujours comporté un élément de performativité. En tant que communauté, cela s’exprime en étant fiers de ce que nous sommes, être ceux qui passent la parole à ceux qui ont besoin de parler de leur expérience. C’est ce que les drag queens ont accompli. C’est une réalisation très réelle au sein de la communauté, le niveau de succès auquel les personnes LGBTQ peuvent aspirer pour elles-mêmes de nos jours.

Jason Pelletier, originaire de Mont-Laurier, une petite ville du nord du Québec, et dont le pseudonyme de drag queen est Jezebel Bardot, est maintenant une Torontoise depuis six ans. « Prenant possession » de son identité francophone, elle a créé son propre art émotionnel. Et elle ne montre aucun signe de ralentissement.

Ancienne gymnaste et acrobate de puissance pour l’équipe nationale du Canada, elle travaillait, il y a trois ans, dans le domaine de l’éducation pour contribuer au bon fonctionnement du département de la sécurité et de l’inclusion au sein des commissions scolaires françaises. Toutefois, quelque chose lui manquait.

Aujourd’hui, en tant qu’artiste de drag, Bardot a travaillé avec certaines des plus grandes compagnies internationales telles que Netflix, Air Canada, Google, Microsoft et Telus.

« La gymnastique est un sport, mais aussi un art. Quand j’ai arrêté la gymnastique à 26 ans (elle a aujourd’hui 31 ans), j’ai passé deux ans sans rien faire d’artistique ou de créatif, dit Bardot. J’ai trouvé beaucoup de points communs entre le drag, la gymnastique et le sport en général. En gymnastique, je travaillais pendant des semaines sur des compétences spécifiques : une bascule, une routine ou une combinaison. Pour le drag, je devais apprendre le maquillage, la coiffure, la couture, et un tas de compétences différentes qui sollicitaient mon côté créatif et, d’une certaine façon, sont devenues mon sport car une performance est comme une routine. »

Avec un élément athlétique dans sa performance de drag, pendant les trois à cinq minutes où elle joue avec le public, elle commence lentement, agissant comme une tentatrice en utilisant une musique captivante, et vend cette illusion de « à quoi aurons-nous droit ici ». Puis, sans avertissement, la perruque se révèle, se retourne et vous vous dites « qu’est-ce qui vient de me frapper ».

Originaire d’une petite ville, Bardot a fait son coming out à l’âge de quinze ans et a toujours été bonne dans le sport. Qu’il s’agisse de volleyball, de hockey ou de taekwondo, discipline dans laquelle elle détient une ceinture noire, elle a toujours été capable de suivre la cadence, voire de briller, mais elle savait qu’elle devait s’intégrer à la culture du sport.

« Je déteste utiliser le mot assimiler avec le milieu sportif hétérosexuel, mais c’était important pour moi de faire du sport. Cela m’a aidé à me développer et à devenir plus résiliente. Dès mon plus jeune âge, je savais qu’il y avait un certain niveau d’intimidation et d’homophobie dans le sport, mais je crois aussi que les personnes gaies doivent établir des limites claires entre elles et le harcèlement. Connaître vos limites est important. Bien sûr, je devenais frustrée. Cependant, personnellement, je tenais tête à l’intimidateur. Faire une blague, donner la réplique de façon non violente, non menaçante, sans intimider, ou encore dénoncer ce genre de comportement sont de bonnes façons de faire face à cette situation. Ça ne fonctionne peut-être pas pour tout le monde, mais pour moi, me froisser n’était pas une mauvaise chose. Ça forge le caractère. Ne restez jamais silencieux », a expliqué Bardot.

Tenir tête à l’intimidation a permis à Bardot d’être elle-même, ce qui, dans son cas, a toujours été ce garçon gai et flamboyant. « Ma mère était une personne que j’ai toujours admirée, et certaines tantes étaient toujours bien mises, que ce soit leur coiffure, leur maquillage ou leurs parfums, raconte Bardot. J’étais entourée de femmes toujours élégantes, ce qui m’attirait. »

C’est à cette époque, à l’âge de 15 ans, qu’elle a été exposée au drag pour la première fois.

« Je me souviens de m’être rendue à Toronto pour le « homo-hop », qui était une sorte de soirée pour tous les âges où il y avait toujours des spectacles de drag. Il y avait une artiste âgée bien connue du nom de Chris Edwards, qui était une grande ambassadrice pour la communauté. Elle était trans et elle a toujours accueilli les gens dans la communauté car elle appelait ça l’art de la personnification féminine plutôt que le drag. En la regardant quand nous sommes allés à ces événements, je me disais toujours :
« quel monde fascinant! ».

Des années plus tard, après être devenue membre d’une ligue de volleyball LGBTQ à Toronto, Jezebel Bardot est née.

Ce qui a commencé comme une blague, se faisant passer pour la célèbre comédienne, actrice, écrivaine et animatrice de télévision Joan Rivers, est devenu une passion intense et elle a acquis la certitude que le drag était pour elle.

« J’étais maître de cérémonie pour un banquet de volleyball après un tournoi et je personnifiais Joan Rivers pour la première fois. J’avais un plan A, qui était un sketch comique d’environ 20 minutes. Ou bien ça se passait bien et je faisais mon monologue, ou j’y allais avec le plan B, soit de passer directement à la remise de prix et conclure la soirée. J’ai réalisé que le drag était pour moi quand les gens se sont mis à pleurer de rire autour de moi et j’ai simplement senti que j’étais dans mon élément. Mes amis avaient des vidéos qu’ils ont partagées et, en l’espace de quelques semaines, j’ai reçu des appels de clubs locaux qui voulaient Joan Rivers. Ça a commencé comme un seul spectacle pour faire rire mes amis et maintenant j’utilise environ 85 perruques pour mes spectacles », a dit Bardot en riant.

Si le drag a évolué au fil du temps, en tant qu’expression artistique et au niveau de sa façon de servir la communauté LGBTQ, Bardot embrasse cette direction.

« Il n’y a pas si longtemps, le drag était vraiment clandestin, et maintenant il y a des émissions de télévision à ce sujet. Je vais au travail et je me fiche de ce que les gens pensent. Je vais dans les magasins pour femmes, j’achète des chaussures, des brassières, du maquillage, et personne n’en fait de cas, dit Bardot. Ce qui est important à conserver, c’est l’objectif original du drag. À l’époque, ces drag queens étaient les plus courageuses dans la communauté, et vous pouviez compter sur elles pour vous faire rire, blaguer à propos de certaines choses, pour vous faire oublier le genre de situation difficile dans laquelle vous vous trouviez à ce moment précis. Je pense que pour moi, chaque soir, mon objectif est de connecter avec le public avant ou après un spectacle. Si je peux donner un peu de répit à une personne qui a peut-être eu une journée difficile, alors j’ai fait mon travail. »

Pour beaucoup de gens, à première vue, le drag est un pur divertissement, mais la compréhension de la façon dont il peut être lié au réel changement dans la communauté est ce qui inspire cet art. Plus important encore, l’art peut créer des espaces où les conversations peuvent avoir lieu.

Pour Jezebel, l’initiative #UneÉquipe « a été formidable pour établir des liens avec d’autres athlètes LGBTQ et des athlètes alliés, ainsi qu’avec toute une communauté. J’ai aidé Kris Burley à réaliser des sondages sur son approche auprès de Gymnastique Canada et des jeunes de la communauté LGBTQ à propos de la meilleure façon de les protéger en fonction de mon expérience dans le sport. Je pense que ces conversations et être informé sont des éléments vraiment puissants et cela montre que nous sommes là, nous sommes connus et c’est encourageant. »

« Je me démène, je suis fatiguée, j’ai mal aux pieds et je n’ai pas d’ongles d’orteil en raison du volleyball et des chaussures pour femmes, mais j’adore le drag et ce que je fais me procure tellement de satisfaction. » – Jezebel Bardot.

 

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