Olympic Education

Kieran Block #UneÉquipe

« Infirme, adj. handicapé, paralysé, affaibli, blessé, confiné, blessé, boiteux, mutilé, mis à l’écart, bloqué, dévasté, en panne, altéré, impuissant, incapable, mis de côté, hors de l’action, hors service, impuissant, dénigré, sans travail. Antonymes. Ferme, en bonne santé, fort, capable » (Traduction libre du Roget’s 21st Century Thesaurus, 2013)

En général, quand les gens voient une personne en fauteuil roulant, ils considèrent d’abord et avant tout leur corps et leur handicap, comme s’il s’agissait d’un sujet pouvant être discuté publiquement. Suite à une entrevue réalisée avec Kieran Block, un athlète paralympique, j’ai fait une recherche sur Google en inscrivant le mot « handicapé » et j’ai été surpris de voir apparaître les mots ci-dessus.

« Ce n’est pas le fait d’être handicapé qui est difficile, ce sont les personnes qui voient d’abord et avant tout le handicap. » Tout le monde devra faire face à de l’adversité à un moment de sa vie, alors la question n’est pas de savoir si nous allons devoir l’affronter, mais plutôt comment allons-nous y faire face ?

Ceci résume bien l’histoire de Kieran Block.

La vie est une histoire d’opportunités. Il faut les créer et les saisir. Certains athlètes se définissent par leur rêve. Que ce soit le rêve de participer aux Jeux olympiques, d’atteindre la Ligue nationale de hockey (LNH), la National Basketball Association (NBA) ou toute autre ligue sportive élite, c’est ce qui les rend heureux.

Block est né et a grandi à Edmonton, en Alberta. Dès son jeune âge, il était animé par ce rêve qui le remplissait de bonheur, celui d’un jour atteindre la LNH.

« Je vivais seulement pour le hockey, c’est tout ce que je faisais de ma vie. J’ai eu la chance de jouer dans la Ligue de hockey de l’Ouest et j’ai ensuite décidé d’aller à l’Université de l’Alberta pour faire partie des Golden Bears », raconte Block. « Cependant, après ma première année, j’ai eu un accident en sautant d’une falaise. À partir de là, tout a basculé. J’ai dû remettre ma vie en question et changer mes perspectives. »

Block aura eu besoin de cinq interventions chirurgicales au cours des 10 années suivantes puisque chaque opération entraînait d’autres problèmes. Il faisait maintenant face à son plus grand défi : s’il ne pouvait plus pratiquer son sport, s’il ne pouvait plus jouer au hockey, alors qui était-il vraiment ?

« Quand tu grandis en jouant au hockey, tu as l’impression d’échouer si tu n’arrives pas à jouer dans la grande ligue (LNH). Mon point de vue à ce sujet a commencé à changer vers l’âge de 20 ans. »

Block est tombé dans la déprime et il a sombré. Il voulait retrouver sa vie et son corps d’avant. Il a perdu tout ce qu’il valorisait et visait.

« Je me disais que je ne voulais pas pratiquer un sport pour handicapés parce que je n’étais pas handicapé. En vérité, je ne voulais pas affronter la réalité ni me l’admettre. Je ne voulais pas être considéré comme un athlète de moindre importance. »

C’est à cette époque qu’il a découvert le hockey sur luge, grâce à son bon ami Matt Cook qui faisait partie de l’équipe nationale canadienne.

« J’ai appris que ce point de vue et cette opinion que j’avais de moi-même provenaient de mon propre intérieur et le hockey sur luge m’a fait réaliser que tous sont humains. J’ai changé mon entourage et mes amis. Bon nombre de mes attitudes et de mes convictions ont commencé à évoluer parce que je ne voulais pas que personne ne se sente dévalorisé ou indigne. Il est beaucoup plus facile d’être ouvert et tolérant quand on peut s’accepter soi-même. »

« Le fait d’avoir un modèle comme Matt fut une bénédiction parce qu’il souriait constamment. Il ne s’est jamais plaint, pas une seule fois. » Block se demandait comment Matt avait pu atteindre ce niveau d’acceptation.

Finalement, il réalisa que ce n’était pas seulement sa vie à lui, c’était la vie en elle-même. Ce n’était pas seulement sa douleur, c’était la douleur de tous. Il avait un choix à faire. Il pouvait continuer à se battre ou finalement laisser aller la situation et accepter non seulement son propre corps, mais aussi les circonstances.

Quand il entra dans le vestiaire pour la première fois, il éprouva une sensation de profondeur, de richesse, d’authenticité et de connexion qu’il n’avait jamais expérimentée auparavant. Block ne serait plus jamais le même.

Même si tous les athlètes vivent avec leur propre handicap, chacun d’entre eux possède sa propre histoire. Certains ont eu un accident de voiture, d’autres ont souffert de tumeurs, d’un cancer, alors que certains sont nés avec un handicap. Le hockey sur luge a provoqué un changement des valeurs et des idéologies de Block par rapport à l’époque où il considérait le hockey comme un sport exclusif.

« C’était bien d’être différent au hockey sur luge. Certaines personnes pouvaient offrir des atouts différents sur la glace », explique Block. « Je me souviens d’avoir eu cette réflexion que ce n’était pas le monde qui pensait en mal de moi, c’était moi. »

Peu de temps après avoir commencé à jouer au hockey sur luge, l’une de ses meilleures amies à l’Université s’est ouverte à lui à propos de son orientation sexuelle. Alors qu’il se souvenait avoir lutté avec sa propre identité, elle vivait la même chose, mais à un niveau différent.

« C’était la première fois qu’une personne se confiait à moi de la sorte. C’était difficile pour elle d’en parler. Elle était complètement bouleversée. Je ne souhaiterais à personne de vivre cela, explique Block. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à prendre conscience de mes paroles. Elle était une amie proche et c’était difficile pour elle de m’en parler, alors imaginez cette personne dans le vestiaire qui aime les garçons ou les filles du même sexe et qui est terrifiée à cause du langage utilisé au hockey. »

« Quand je lisais les entrevues de Brock McGillis et que je l’entendais parler du hockey et du vestiaire, je me disais qu’il n’était pas si loin de ce que j’ai vécu. Je pouvais m’imaginer dans le vestiaire avec lui. Les mots utilisés n’étaient pas toujours valorisants. Je n’ai jamais vraiment eu l’impression d’être à ma place et je n’étais pas tout à fait comme les autres. »

« Peu importe votre handicap, votre race, votre identité de genre, votre expression de genre, vous avez tous de la valeur. Je me souviens à quel point ce fut difficile quand je me suis cassé les jambes. Je croyais que ma vie était finie et que je n’aurais plus la même valeur aux yeux des autres. Avec du recul, je sais que ces pensées viennent de notre intérieur et qu’il existe beaucoup de soutien à l’extérieur », note Block.

Pour Block, il y avait toujours cette flamme qui brûlait à l’intérieur et qui était plus forte que ses blessures. Les petits objectifs le faisaient avancer et même si son corps était peut-être limité, son esprit était impossible à arrêter.

« Comme je l’ai appris en 2007, la vie peut disparaître en un clin d’œil. Il faut trouver des victoires dans tout ce que nous faisons et trouver l’occasion de partager ces merveilleux moments. Si vous cherchez le côté négatif, vous le trouverez », déclare Block. « De nombreux moments ont marqué ma vie : à mon premier championnat du monde, on m’a dit que je n’étais pas assez handicapé pour le hockey sur luge, mais que je l’étais trop pour le hockey sur patins. En 2014, j’ai été retranché de l’équipe olympique, mais le lendemain j’obtenais un poste d’enseignant. Un jour, j’ai conduit une voiture à nouveau. J’ai enfin dormi une nuit complète. Je suis retourné à l’école. Je suis retourné sur la glace neuf mois après mon accident. J’ai pu jouer au hockey avec mon père à nouveau. J’ai fait partie de l’équipe de hockey sur luge. J’ai remporté mon premier championnat national. Je me souviens de ma première journée d’enseignement. J’ai joué au hockey sur glace senior AAA. J’ai été entraîneur de quatre joueurs de hockey sur luge qui ont été choisis pour faire partie de l’équipe nationale au cours de la dernière année. Voilà de nombreux moments tout aussi précieux que le moment où j’ai fait mes premiers pas. »

L’accident n’est qu’un des nombreux évènements qui se sont produits dans la vie de Block. C’est un défi qu’il a surmonté et non la pire chose qu’il lui soit arrivé. Le fait de se concentrer sur les aspects positifs et les opportunités de la vie lui a permis de raconter et de partager son histoire à travers son dernier projet : le lancement de son livre intitulé « The Ups and Downs of Almost Dying ».

« Le livre s’amorce en 2007, du moment de l’accident jusqu’aux Jeux paralympiques de 2014 et nous laissons la porte ouverte pour voir quelle sera la prochaine étape. Ce n’est pas une histoire se terminant par une médaille d’or. Le livre contient beaucoup de métaphores ; l’une étant moi qui enseigne la physique, la force gravitationnelle. Des années plus tard, j’écris moi-même l’équation au tableau pour mes étudiants », raconte Block en souriant. « Le processus d’écriture a tellement été thérapeutique, les hauts et les bas de mon vécu ont fait rejaillir beaucoup d’émotions. J’ai essayé de parler de mes combats, de mes succès et de la façon dont j’ai commencé à changer mes opinions et mes convictions. C’est ce que j’essaie de proposer aux lecteurs. De plus, je voulais leur laisser quelque chose, plus que de la motivation, j’aimerais simplement poursuivre l’histoire. Quand vous regardez aux aspects positifs, c’est là que vous allez sortir vainqueur et trouver cette parcelle de bonheur. C’est l’aspect avec lequel j’avais le plus de difficulté. Si je ne l’avais pas mis en pratique, je n’aurais peut-être jamais rencontré cette infirmière qui est devenue mon épouse. »

Si Block pouvait inscrire une citation sur un panneau d’affichage, ce serait celle de Marian Williamson à propos de la force de croire en soi : « Alors que nous laissons notre propre lumière briller, nous donnons inconsciemment le pouvoir à d’autres personnes de faire de même »

« Quand j’étais dans un endroit sombre, c’était Matt qui vivait sa vie de cette façon. Même s’il était en train de mourir d’un cancer, il souriait chaque jour et il soulignait les aspects positifs, les victoires et les réussites. Il était heureux. À l’époque je ne l’étais pas. J’étais misérable. En laissant sa lumière briller, il m’a montré que je pouvais laisser la mienne briller. Quand cela se produit, vous ne savez jamais qui vous pouvez inspirer dans ce processus. »

Quand vous relâchez ce que vous êtes, vous devenez ce que vous pouvez être et pouvez enfin trouver cette lumière qui brille. Block a pu se bâtir une nouvelle vie seulement quand il a été en mesure de relâcher la personne qu’il croyait être. Ce n’est qu’au moment d’abandonner la vie qu’il croyait mériter qu’il a pu s’emparer de la vie qui l’attendait.

Sa vraie force n’est jamais venue de son corps. Bien que ses capacités physiques aient changé, il a vécu sa vie à travers une expression créative de ce qu’il est vraiment. Il ne s’agissait pas de savoir s’il avait rencontré l’adversité, mais plutôt de voir comment il avait laissé sa lumière briller dans ce processus.

De nombreux ambassadeurs #UneÉquipe et des gens de partout dans le monde vivent des expériences difficiles, que ce soit un accident en sautant d’une falaise, d’annoncer son homosexualité, ou d’autres situations. Si nous partageons et parlons de nos histoires d’inclusion, nous encouragerons les gens autour de nous à traverser ces moments difficiles.

 

 

 

Contactez-nous

Programme Scolaire Olympique Canadien
500 West René-Lévesque Blvd, 2nd floor
Montréal, QC Canada H2Z 1W7

514-861-5416
psoc@olympique.ca