Des joueuses de softball posent pour la caméra sous des confettis.THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck
THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck

L’équipe canadienne de softball prête pour l’occasion d’une vie à Tokyo

Les balles courbes. Elles sont inattendues, imprévisibles et parfois – peu importe si vous vous y êtes préparés ou non –, elles peuvent vous prendre au dépourvu. 

Pour les joueuses de softball, l’incertitude de tout simplement participer aux Jeux olympiques ressemblait à ça.  

Les Jeux de Beijing 2008 marquent la dernière fois que le softball figurait au programme olympique; une déception pour les athlètes de ce sport qui savaient qu’elles pourraient peut-être ne jamais avoir l’occasion de participer aux Jeux à nouveau. 

  • Des joueuses de softball célèbre après un coup de circuit.
  • Une joueuse de softball effectue un lancer.
  • Deux joueuses de softball en action
  • Une lanceuse au softball prend son élan.

« J’étais évidemment très triste, raconte Jenn Salling, membre de l’équipe canadienne à Beijing 2008, dans une entrevue sur Olympique.ca en décembre 2019. 

« Cependant, je crois que j’étais encore plus triste pour les jeunes qui rêvaient de devenir des athlètes olympiques et qui ont peut-être arrêté de jouer au softball. Mon cœur s’est brisé pour celles qui n’auront jamais vécu l’expérience olympique et qui aurait pu. J’étais juste très reconnaissante d’avoir pu y aller une fois. » 

Ce sentiment de désespoir s’est toutefois quelque peu dissipé huit ans après le dernier lancer dans la capitale chinoise. À la demande du comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020, le Comité international olympique a pris la décision de réintégrer le softball au programme olympique, après 12 ans d’absence. 

À LIRE: Équipe Canada dévoile sa formation pour le retour du softball aux Jeux olympiques

Jennifer Salling, softball, célèbre avec ses coéquipères.
Jennifer Salling célèbre avec ses coéquipères lors de la Coupe Canada 2018. (Photo: Morgan Henry)

Cette annonce restera pour toujours gravée dans la mémoire des joueuses d’Équipe Canada, qui voyaient ainsi un nouvel objectif apparaître sur leur cible.  

« Mon rêve d’être une athlète olympique a été renouvelé avec la réintégration du sport aux Jeux olympiques en 2016. J’étais bouleversée et j’en ai pleuré, sachant que les gens pourraient à nouveau rêver de jouer sur la plus importante scène du monde », a mentionné Victoria Hayward, double médaillée d’argent des Jeux panaméricains, qui s’est jointe à l’équipe nationale en 2009. 

Salling parcourait son fil Twitter quand elle a aperçu la nouvelle et elle a dû la relire une deuxième fois. 

« J’étais presque dans le déni, du genre, est-ce que c’est vraiment vrai ? Cette nouvelle a provoqué en moi un tourbillon d’émotions », raconte-t-elle.

L’annonce émouvante n’a pas seulement renouvelé l’énergie des athlètes actives, mais a aussi changé la vie des récentes retraitées, comme celle de Lauren Regula, Olympienne de deux Jeux.

« À Athènes 2004, mon fait saillant a été notre victoire contre le Japon, tandis qu’à Beijing 2008, c’était de battre les Chinoises chez elles dans un match sans lendemain, estime Regula. Puis, j’ai accroché mon gant et j’ai eu trois enfants, sans aucune intention de recommencer à jouer. En 2016, j’ai reçu une offre pour sortir de ma retraite huit ans après ma dernière présence sur le terrain. » 

Lauren Regula lance dans un match contre le Venezuela à la Coupe du monde de softball à Surrey, C.-B., le lundi 18 juillet 2016. PHOTO MARTIN CHEVALIER

À l’époque, Regula était aux prises avec une dépression post-partum. Aujourd’hui, la décision de donner au softball une présence de plus sous les projecteurs olympiques l’a aidée à trouver un nouveau sens à sa vie. 

« De penser que j’ai une autre occasion de participer à des Jeux est tellement surréel, alors qu’il n’y a pas si longtemps, j’ai été diagnostiquée passivement suicidaire et dépourvue d’intérêt envers quoi que ce soit. Je n’étais que l’ombre de moi-même, et je n’envisageais vraiment pas mettre tous les efforts pour retrouver la forme et jouer au niveau olympique. De dire que ma vie a fait un virage à 180 degrés est un euphémisme. De penser que je l’ai fait dans les moments les plus difficiles de ma vie et d’être là, profitant de cette possibilité est un rêve en soi », a raconté Regula au site Olympique.ca 

Ce n’est toutefois pas seulement un rêve qui se réalise pour les vétérans. Pour quelques nouvelles membres de la formation olympique comme Janet Leung, c’est un moment qui boucle la boucle. 

Leung se souvient quand elle a commencé à s’intéresser au softball, Regula et Salling, de même que Danielle Lawrie et Kaleigh Rafter, étaient sur le terrain aux Jeux de Beijing 2008 et elle les voyait comme des modèles à suivre. Une décennie plus tard, les femmes qu’elle admirait sont maintenant ses coéquipières. 

« On regardait un de leurs matchs sur notre minuscule télé dans la cuisine et je me souviens d’avoir eu les yeux rivés à l’écran pour les encourager. De les voir sur la plus grande scène a été l’étincelle pour mon rêve de jouer avec Équipe Canada quand j’allais être plus vieille », a dit Leung. 

Les Canadiennes Janet Leung, de gauche à droite, Joanne Lye, Erika Polidori et Kelsey Jenkins célèbrent au Tournoi de qualification olympique des Amériques de la WBSC à Surrey, C.-B., le mardi 27 août 2019. THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck

Redynamiser la passion des partisans pour le softball dans l’espoir de réintégrer le programme olympique était un des objectifs principaux de plusieurs personnes.  

Hayward, qui est avec l’équipe nationale depuis 12 ans, et d’autres joueuses et ainsi que le personnel d’entraîneurs se sont donné comme mission de rallier nouveaux et anciens partisans pour leurs en apprendre sur le softball et démontrer l’incidence globale du sport.  

« Nous avons tenu des compétitions et avons fait en sorte d’inviter tous les pays du monde, a expliqué Hayward au site Olympique.ca en décembre 2019 au sujet des efforts déployés pour assurer la croissance du sport à l’échelle internationale. Nous avons été chanceux. Nous leur avons ouvert la porte et organisé le plus grand événement de softball de l’histoire. »  

La Canadienne Victoria Hayward au bâton pendant la première manche contre le Guatemala au Tournoi de qualification olympique des Amériques de la WBSC à Surrey, C.-B., le mardi 27 août 2019. THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck 

L’engagement et la grande persévérance ont attiré l’attention de Jenna Caira

La triple médaillée des Jeux panaméricains est au fait du dur labeur nécessaire pour se rendre là, tout comme le travail qui devra être engagé jusqu’au moment où elles fouleront le terrain cet été au Japon.  

« Chaque personne au sein de notre équipe a quitté son emploi ou encore pris une année sabbatique de l’école ou du travail pour s’investir à 100% dans le but d’aider Softball Canada à se qualifier pour les Jeux – un moment que notre sport a attendu pendant 12 ans, affirme Caira, qui a aussi raconté qu’elle a annoncé à sa famille le jour de son quatrième anniversaire de naissance qu’elle participerait un jour aux Jeux olympiques. 

« Nous avons eu le cœur brisé quand le softball a été retiré du programme des Jeux après 2008. Je me suis jointe à l’équipe en 2009 et j’ai continué à jouer, même si je savais que le softball ne serait plus disputé aux Jeux olympiques avant un long moment, a-t-elle dit du fait de tenter de maintenir le sport en vie au Canada. 

« Je me souviens avoir regardé la cérémonie d’ouverture des Jeux de 2012 à la télévision et quelqu’un a dit ‘Wow, ce serait tellement spécial d’y être’ et cela m’a rendue très émue puisque je ne savais pas de quoi aurait l’air l’avenir de mon sport. » 

Équipe Canada célèbre sa victoire face au Japon dans un match pour la médaille de bronze au Championnat du monde de softball au Japon.
(Photo: WBSC)

Maintenant, l’équipe est prête à relever tous les défis qui se dresseront devant elle. Les joueuses visent le podium après une quatrième place à Beijing en 2008. Une grande partie du noyau de l’équipe a remporté la médaille de bronze au Championnat du monde de 2018. 

Pour plusieurs, Tokyo 2020 risque d’être la dernière occasion de jouer sur un terrain olympique puisque le softball ne figure pas au menu des Jeux de Paris 2024

Alors qu’on ne sait pas trop quand le softball effectuera son prochain retour au programme des Jeux olympiques, les joueuses savent qu’elles auront l’occasion d’une vie, soit de se concentrer sur ce qu’elles peuvent accomplir à Tokyo.  

« Je pense que c’est très important qu’on célèbre son retour dans un pays qui raffole de ce sport », conclut Salling.