150 ans de sport canadien: Les années 60
Les célébrations du 150e anniversaire du Canada se poursuivent sur Olympique.ca, alors qu’on atteint une décennie marquée par plusieurs changements importants.
Si vous désirez regarder derrière avant d’aller de l’avant, vous retrouverez nos articles sur les décennies précédentes ici.
Mais pour l’instant, c’est l’heure de s’attaquer aux années 60, où les athlètes canadiens ont brillé lors de plusieurs épreuves.
1960 – Première championne olympique en ski alpin
À l’âge de 15 ans, Anne Heggtveit devient la plus jeune gagnante du fameux slalom géant de Holmenkollen en Norvège en 1954. Mais c’est à Squaw Valley en 1960 qu’elle marque l’histoire canadienne, remportant la première médaille d’or du pays dans un événement de ski alpin. Sa domination était telle que l’écart de 3,3 secondes sur la seconde place est encore aujourd’hui le plus grand écart dans l’histoire du slalom olympique. Cette prestation lui vaut le trophée Lou-Marsh pour l’athlète canadien de l’année. Elle gagnera également le prestigieux trophée Arlberg-Kandahar.
1960 – Wagner et Paul deviennent la paire à battre
Les patineurs artistiques Barbara Wagner et Robert Paul s’introduisent à la nouvelle décennie en enlevant la première médaille d’or olympique à l’épreuve de couple. À peine quelques semaines plus tard ils sont couronnés pour la quatrième fois consécutive aux championnats du monde, une autre première dans l’histoire canadienne.
Quelques années auparavant, en tant qu’adolescents, Wagner et Paul terminent sixièmes à Cortina d’Ampezzo en 1956 et cinquièmes aux championnats du monde de la même année. Ils font ensuite face à un choix déchirant : retourner à l’école secondaire ou continuer à patiner. Ils optent pour le patin et deviennent invaincus pour les quatre années qui suivent.
À Squaw Valley en 1960, ils obtiennent le vote de première place de chacun des sept juges malgré l’arrêt soudain de la musique au début de leur programme. Cette pause leur permit de chasser la pression, alors qu’ils ont le temps d’avoir quelques moments sur la glace avant de recommencer leur programme. Wagner et Paul se sont démarqués durant une ère fertile pour les couples canadiens, où le pays récolta sept des huit titres mondiaux de 1954 à 1962.
1960 – Harry Jerome court vers le record du 100 mètres
C’est le 15 juillet 1960 à Saskatoon que Harry Jerome cimente sa place dans l’histoire de l’athlétisme. Ce jour-là, il court le 100 mètres en 10 secondes exactement, égalant le record du monde qui avait été établi trois semaines auparavant. L’homme de 19 ans est alors le deuxième Canadien à toucher au record du monde, se joignant à Percy Williams, le premier de plusieurs à courir le 100 mètres en 10,3 secondes dans les années 30.
Malheureusement pour Jerome, il ne peut démontrer ses pleines habiletés sur la piste des Jeux de Rome en 1960. Il étire un muscle alors qu’il mène durant la demi-finale et doit abandonner. Il se blesse de nouveau en 1962, se déchirant des muscles de la cuisse gauche, une blessure qui met en jeu sa carrière. Jerome récupère toutefois et enlève la médaille de bronze aux Jeux de Tokyo en 1964. Pendant ce temps, personne ne courra sous les 10 secondes jusqu’en juin 1968.
1962 – Donald Jackson écrit sa page dans les livres d’histoires
Donald Jackson choque le monde du patinage artistique aux championnats du monde de Prague en 1962 lorsqu’il réussit le premier triple lutz de l’histoire en compétition. À l’époque, il s’agit du saut le plus difficile à tenter. Deux fois médaillé d’argent mondial et détenteur de la médaille de bronze des Jeux de 1960, Jackson tire de l’arrière sur le tchèque Karol Divin après le programme imposé et a pratiquement besoin d’un parcours parfait pour le dépasser. Après le saut historique, Jackson complète toutes ses autres figures, mélangeant les difficultés techniques à la créativité artistique. Il reçoit sept notes parfaites et devient le premier champion canadien masculin. Pour récompenser ses exploits, on lui décerne le trophée Lou-Marsh.
1964 – La plus grande surprise de l’histoire du bobsleigh
Peu de champions olympiques étaient aussi inattendus que le bob à quatre canadien à Innsbruck 1964. Le pilote Vic Emery et son équipe composée de John Emery, Peter Kirby et Doug Anakin étaient les premiers représentants du Canada à se qualifier lors d’une épreuve olympique. Ils n’avaient pas de piste pour s’entraîner à domicile, se contentant de pratiques dans un gymnase et se présentant occasionnellement à Lake Placid pour s’entraîner sur la glace.
Ils n’avaient également pas de commanditaires et devaient acheter leur propre équipement. Étant de vrais négligés face aux Autrichiens, Italiens et Allemands, ils surprennent les favoris en battant le record de la piste et mènent par près d’une demi-seconde après la première vague. Ils maintiennent leur constance par la suite, réalisant le deuxième temps lors de la deuxième et troisième vague, et le premier temps de la dernière vague. Ils décochent la médaille d’or par une seconde complète dans un sport où les gagnants sont habituellement départagés par des fractions de seconde.
Seulement cinq ans avant les exploits d’Innsbruck, Emery pilotait le premier bob canadien de l’histoire des championnats du monde. Son équipe remporta le titre mondial en 1965.
1964 – Les rejetés de l’aviron rament vers l’or
George Hungerford et Roger Jackson se rallièrent dans une manifestation édifiante de travail d’équipe pour récolter la seule médaille d’or du Canada des Jeux de Tokyo en 1964. Après avoir souffert d’une mononucléose, Hungerford est retiré du huit de pointe. Son remplaçant est le partenaire de Jackson au deux de pointe, forçant les deux solitaires à joindre leurs forces.
Avec le manque d’expérience de Hungerford en deux de pointe et la paire qui tentait encore de se comprendre, leur seul espoir est de participer à la finale. Cependant, ils terminent avec le temps le plus rapide dans leur vague lors de leur première course ensemble. Durant la finale, ils distancent les Néerlandais, favoris de l’épreuve, et gagnent par une longueur de trois quarts de bateau. La victoire d’Hungerford et Jackson était si inattendue que plusieurs journalistes canadiens n’avaient même pas assisté à l’épreuve. On leur attribua le trophée Lou-Marsh.
1967-1968 – Nancy Greene trône en tant que reine du ski alpin
Reconnue sur les pistes comme « la tigresse » à cause de son style agressif, Nancy Greene inscrit son nom parmi les grands du ski canadien lors de la deuxième partie des années 60. Elle décoche le premier titre de la Coupe du monde en 1967 en gagnant 7 des 16 épreuves.
Elle répète l’exploit en 1968, la même année où elle se tient deux fois sur le podium lors des Jeux de Grenoble. Greene y remporte la médaille d’or au slalom géant par plus de deux secondes et demie ainsi que la médaille d’argent au slalom. Ses 14 victoires en carrière en Coupe du monde sont encore aujourd’hui un record par un skieur canadien, un exploit qui lui vaut le titre d’athlète féminine du 20e siècle.
1968– La feuille d’érable défile pour la première fois aux Jeux olympiques
Après des décennies de débats et reçu plus de 5 900 soumissions, un comité de 15 membres soumet au vote parlementaire le design actuel du drapeau canadien. La feuille d’érable rouge sur un fond blanc flanqué de deux bandes rouges est approuvée en décembre 1964 avant d’être déployée pour la première fois sur la colline parlementaire le 15 février 1965. Trois ans plus tard à Grenoble, le nouveau drapeau canadien est affiché pour la première fois aux Jeux olympiques, porté lors des cérémonies d’ouverture par Nancy Greene.
1968 – Première médaillée olympique féminine en natation
La détermination et l’esprit de compétition féroce d’Elaine Tanner combiné à sa petite stature et son jeune âge lui vaut le surnom de « Mighty Mouse ». Malgré sa courte carrière internationale de quatre années, ses accomplissements sont monumentaux. Toujours inconnue en 1965, elle surprend ses adversaires en remportant deux médailles d’or aux championnats américains.
Un an plus tard, elle devient la première femme à gagner quatre médailles d’or aux Jeux du Commonwealth sur ses sept médailles au total. À 15 ans, elle est la plus jeune lauréate de l’histoire du trophée Lou-Marsh en 1966. Aux Jeux panaméricains de 1967, Tanner enlève deux médailles d’or en battant les records de temps au 100 mètres et 200 mètres dos, en plus de deux autres médailles d’argent.
Ses succès amènent une grande frénésie à son égard aux Jeux de Mexico en 1968, où elle gagne l’argent aux deux épreuves de dos en plus d’une médaille de bronze au relais quatre fois 100 mètres. Elle est alors la première athlète à détenir trois médailles lors d’une même olympiade depuis les Jeux de Los Angeles en 1932. Toutefois, l’exploit était vu par plusieurs comme un échec à l’époque parce qu’elle n’obtient aucune médaille d’or. Elle reçoit beaucoup de critiques dans les médias avant de prendre sa retraite de la natation à 17 ans.